Anatomie d’un divorce, FX
Taffy Brodesser-Akner adapte son propre essai éponyme dans cette mini-série diffusée par FX. Anatomie d’un divorce tente d’entrer dans les profondeurs d’un divorce, pour comprendre comment un couple avec deux enfants peut en arriver à cette extrémité. Une belle idée, avec cet angle original : l’histoire est racontée à travers les yeux non pas de Toby ou Rachel qui se séparent, mais de ceux de Libby, l’une des meilleures amies de Toby. Ancienne journaliste devenue mère au foyer, elle s’interroge elle aussi sur sa vie dans la banlieue cossue de New York et elle termine en écrivant un livre sur le sujet : il n’est pas difficile d’y voir la version fictive de la créatrice de la série. Ce point de vue décalé tout en restant subjectif est intéressant, du moins sur le papier. Dans les faits, j’ai trouvé que la série ne l’exploitait pas pleinement, avec des débuts prometteurs et une fin qui m’a semblé bâclée, surtout du côté de Rachel, qui aurait bénéficié d’un meilleur traitement.
Alors même que la géniale Claire Danes offre une interprétation à la hauteur de sa réputation, son personnage est étonnamment absent de la série. Anatomie d’un divorce se concentre surtout sur le point de vue de Toby et dépeint sa femme comme une ambitieuse qui préfère abandonner ses enfants au profit de sa carrière. Un épisode tente bien de redresser le tir en offrant le point de vue de Rachel, mais ce n’est qu’un seul, et le scénario s’arrête là. J’étais particulièrement surpris en particulier de constater son absence dans le dernier épisode, alors que cela aurait été pourtant l’occasion de creuser le sujet principal et de mieux comprendre ce divorce. À la place, c’est la narratrice qui reprend le devant et offre une morale assez banale sur l’amour et les relations maritales. C’est comme si tout ce qui pouvait être dit sur Toby et Rachel l’avait été, alors même que l’on vient de découvrir que l’ex-mari était loin d’être aussi irréprochable qu’il voulait bien le dire. Et puis, que penser de ces remarques réactionnaires qui égrènent la série ? Pourquoi inclure ce personnage de mentor de la narratrice, un journaliste sexiste présenté comme d’un autre temps, comme si c’était une excuse ? Pourquoi laisser Rachel douter de son propre viol sans apporter un éclairage objectif ? Anatomie d’un divorce aurait pu être bien plus intéressant, mais en l’état, j’ai trouvé la série de FX au fond assez décevante.