
Alien: Earth, FX
Essorée par son créateur, la saga Alien avait-elle besoin d’une série ? L’excellent Alien : Romulus nous a pourtant prouvé qu’il était encore possible d’imaginer un grand film avec ces créatures si terrifiantes. Quand j’ai découvert que la série de FX avait été créée par Noah Hawley, je n’étais plus seulement confiant, j’étais enthousiaste. Si le nom ne vous dit rien, c’est l’homme qui a imaginé l’extraordinaire Fargo version série et l’immense Legion et je me range volontiers dans la catégorie des fanboys le concernant. C’est dans cet état d’esprit que j’ai abordé Alien: Earth et le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu. Cette première saison parvient en huit épisodes à la fois à se ranger dans la saga avec un respect assez parfait de l’univers et de l’esthétique d’Alien, le huitième passager et en même temps à la renouveler, voire la dynamiter, en lui insufflant de multiples d’idées nouvelles et bonnes. Ajoutez à cela une réalisation parfaitement maîtrisée (mention spéciale à la musique, impeccable), une bonne dose de suspense et une grosse louche d’horreur et vous obtenez l’une des meilleures séries de l’année, tout simplement.
Faut-il préciser que vous ne devriez pas lire ce qui suit si vous comptez regarder la série et conserver le moindre mystère sur son scénario ?
Alien: Earth se déroule deux ans avant le premier film de Ridley Scott, une idée intrigante puisqu’elle provoque de multiples questions. Ce n’est pas le sujet de Noah Hawley toutefois, puisque son scénario imagine que la bestiole mythique débarque sur la Terre suite à l’avarie d’un vaisseau scientifique de Weyland-Yutani, l’une des cinq entreprises à s’être partagé le contrôle de la planète dans cet univers bien trop crédible pour notre propre confort. C’est une bonne idée de base et la création de FX aurait pu se contenter d’un énième affrontement entre l’humain et l’Alien. Le scénario est toutefois bien plus intéressant que cela, en injectant de multiples idées nouvelles pour réinventer l’univers. D’une part, l’Alien n’est plus le seul extraterrestre, il est accompagné par plusieurs autres créatures aussi horribles qu’intéressantes. Même si le prédateur le plus impressionnant de l’histoire du cinéma reste ma favorite, je dois reconnaître que la bestiole aux multiples yeux est assez géniale elle aussi. L’inventivité la concernant est assez remarquable et j’espère que Noah Hawley aura le droit de faire une deuxième saison pour l’exploiter encore davantage, comme la fin très ouverte le laisse entendre. Ces multiples ajouts au bestiaire de la saga enrichissent cet univers et ouvrent de nouvelles opportunités, sans rien retirer au Xénomorphe, qui reste toujours aussi flippant… avec un twist.
L’autre innovation d’Alien: Earth vient en effet du côté humain, ou plutôt des mélanges entre machines et humains. On connaissait déjà bien les robots androïdes dans l’univers, il y a aussi des humains améliorés par des robots et la nouvelle série imagine des hybrides. Un corps de synthétique, mais l’esprit d’un être humain, en l’occurrence d’un enfant, qui est encore assez souple pour accepter la bascule. Revisitant astucieusement le mythe de Peter Pan, Noah Hawley imagine un groupe de six hybrides créés par le trilliardaire fantasque à la tête de Prodigy, l’une des cinq entreprises à s’être partagé la Terre. Ils ont des corps d’adultes et des comportements d’enfant, ce qui a tout d’abord certainement été un défi génial pour les acteurs, qui se débrouillent tous remarquablement pour se comporter de façon juvénile. À ce petit jeu, j’ai trouvé Jonathan Ajayi particulièrement bon, même si Sydney Chandler, qui incarne le personnage principal Wendy, est évidemment la plus mémorable. L’actrice joue très bien et le parcours de son personnage est passionnant, tout particulièrement sa relation avec l’extraterrestre. L’Alien n’est plus seulement une princesse Disney, c’est aussi un animal de compagnie et seule l’imagination débordante de Noah Hawley pouvait nous inventer cela ! La scène est d’abord presque hilarante et la série parvient à construire une relation qui fonctionne vraiment et qui éclaire totalement différemment la créature, et par ce biais toute la saga.