Alaska Daily, ABC
Alaska Daily s’attache à défendre les journalistes en général et la presse locale en particulier, mis à mal par notre monde moderne en quête constante de rentabilité. Ce n’est pas la première fois que Tom McCarthy s’attache à ce sujet, il l’avait déjà traité il y a quelques années sur le grand écran avec Spotlight. Cette fois, c’est direction l’Alaska pour une série commandée par ABC et inspirée par l’histoire vraie de journalistes qui ont enquêté sur les innombrables meurtres de femmes amérindiennes qui n’intéressaient pas les autorités locales. Ajoutez à cela une histoire de rédemption pour Eileen, journaliste new-yorkaise qui perd son travail et sa réputation suite à un mauvais articles et qui tente de se retrouver une virginité à Anchorage, et vous obtenez une série bien classique, mais qui assume ce classicisme.
Le fil rouge de la première saison constituée de ses 11 épisodes est l’enquête menée par Eileen et une collègue Roz sur les meurtres de femmes non résolus et sur la complicité de l’État qui ferme les yeux et ne finance pas suffisamment les organes de pouvoir. À cela s’ajoute dans chaque épisode une ou deux sous-intrigue qui implique les autres membres du journal fictif créé pour les besoins de la série. Alaska Daily a ainsi un côté rétro, on sent qu’une chaîne de télévision américaine a commandé la série et qu’elle est taillée pour une diffusion en direct, entrecoupée de multiples coupures publicitaires. Je dois dire que ce n’est pas mon format préféré, mais on s’y fait, d’autant que le sujet de fond est vraiment intéressant. La défaite du gouvernement américain est éclatante à tous les niveaux, avec des femmes qui meurent dans l’indifférence générale et un système entièrement fait pour favoriser les meurtriers qui sont bien trop souvent des hommes blancs. Tom McCarthy n’a pas besoin d’en ajouter dans ce domaine, la démonstration est implacable et le spectateur est tout aussi effaré que les deux journalistes face aux fautes en cascade démontrées par leur enquête.
Cette enquête de fond permet de tenir aisément le coup et Alaska Daily se regarde ainsi facilement, même si je regrette son manque de profondeur par ailleurs. Le jeu des acteurs est très fade, Hillary Swank dans le rôle principal a une diction toujours plate et même si cela colle avec son personnage blasé, on a du mal à se passionner pour elle. C’est un trait de caractère que l’on retrouve pour tout le casting d’ailleurs, il n’y a aucun acteur qui sort du lot pour nous intéresser. Un gros problème, je crois, est le choix d’un montage qui alterne constamment entre des scènes courtes. On enchaîne d’une brève séquence à une autre, si bien que l’émotion n’a jamais le temps de s’installer et on reste presque dans la reconstitution, quasiment comme dans une docufiction. C’est dommage d’avoir réalisé quelque chose d’aussi fade.