Agatha All Along, Disney+

Agatha All Along, Disney+

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Avec toutes ses imperfections, WandaVision reste indéniablement l’une séries Marvel les plus réussies, justement parce qu’elle tentait quelque chose de radicalement différent. Au milieu de la galerie de personnages secondaires, celui qui sortait le plus du lot était inévitable Agnes, alias Agatha Harkness, une dangereuse sorcière et source d’excellents mèmes qui surnageait grâce à l’excellente prestation de Kathryn Hahn. Dans ces conditions, Disney+ n’a surpris personne en lui offrant son spin-off et c’est ainsi qu’est née Agatha All Along. Premier bon point, le casting ne change pas, à commencer par la présence de Jac Schaeffer côté création et jusqu’aux mêmes compositeurs qui parviennent à créer un morceau décliné à travers les neuf épisodes et que vous ne pourrez plus jamais oublier1. Inutile de faire durer le suspense plus longtemps : même s’il y a quelques inégalités le long de la route, Agatha All Along est une réussite, sans conteste une des meilleures séries de l’immense univers cinématographique Marvel.

L’histoire se déroule trois ans après les événements de WandaVision et aussi juste après ceux décrits dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness où Wanda occupait une place importante. Tout ce contexte est utile pour bien saisir ce qui se passe, sans être obligatoire non plus et les scénaristes ont réussi à créer une œuvre assez indépendante, qui pourrait presque s’apprécier sans rien avoir vu du MCU. Presque. C’est quand même utile de savoir qui est Agnes/Agatha, tout comme ce n’est pas inintéressant de se rappeler des jumeaux de Wanda et de bien d’autres petits détails. C’est la force et la faiblesse de cet univers, comme toujours : côté pile, le spectateur est récompensé de sa fidélité et de son attention depuis 2008 ; côté face, le spectateur ne doit rien rater et retenir une masse immense d’informations, pour un résultat qui part dans toutes les directions et perd peu à peu de son sens. La bonne nouvelle, c’est qu’Agatha All Along reste quand même assez éloigné de tout cela, avec un univers qui lui est propre au fond et qui est nettement plus proche du fantastique avec tous les mythes sur les sorcières. Cette relecture modernisée de vieilles histoires est d’ailleurs assez amusante, entre musique pop et lutte contre des clichés avilissants.

La série créée par Jac Schaeffer m’a aussi agréablement surpris par son côté queer affirmé et même revendicatif. La présence de Joe Locke au casting, le Charlie si mignon de Heartstopper, était en réalité un signe que l’on n’avait pas besoin de s’inquiéter. Il a un « boyf » (je découvrais ce diminutif de boyfriend), qu’il embrasse même face à la caméra à un moment, sa chambre a un poster « Trans Lives Matter » et l’acteur est parfait dans ce rôle résolument trouble à la frontière des genres, comme sa sublime interprétation de Maléfique le prouve bien. À ses côtés, j’étais encore plus agréablement surpris de découvrir un amour lesbien entre Agatha et Rio, incarnée par la toujours délicieuse Aubrey Plaza et là encore, Disney n’a pas fait son Disney pour une fois, c’est explicite. Cela fait tellement du bien de voir ces représentations chez Marvel, la série vaut le détour rien que pour ça. Elle le vaut également pour Kathryn Hahn qui s’en donne à cœur joie avec le personnage principal, tout en laissant transparaître une fragilité bienvenue. Cela dit, si je devais retenir une autre actrice, ce serait bien Patti LuPone qui m’a impressionné en particulier dans le septième épisode où son personnage est mis à l’honneur. Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher la surprise, mais quel épisode !


  1. « Down, down, down the road… ». Désolé. ↩︎

Informations

Année : 2024

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Science-Fiction & Fantastique
  • Mystère

Durée : 9 épisodes