Tress de la mer Émeraude, Brandon Sanderson
Je découvrais Brandon Sanderson avec ce roman qui trouve place au sein d’une impressionnante bibliographie. Le romancier américain a publié son premier livre il y a moins de vingt ans et il a écrit plus d’une trentaine de romans, sans même compter toutes les nouvelles et autres formes littéraires autour. Tress de la mer Émeraude appartient à l’univers du Cosmere qui est son plus gros sans être le seul et c’est l’un des quatre romans écrits en secret en deux ans. Mis à part ces quelques éléments sur son caractère prolifique et le fait que toute ma famille semble désormais happée par ses mots, j’ignorais tout de Brandon Sanderson et je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en commençant l’épais volume.
Même s’il écrit de la fantasy ou science-fiction, une des caractéristiques originales de l’auteur est qu’il ne consacre pas sa carrière à un seul cycle ni même un seul univers. En plus de sa longueur, sa bibliographie surprend ainsi par la diversité des sagas. Tress de la mer Émeraude peut ainsi se lire à part sans avoir rien lu auparavant, comme c’était mon cas, ce qui donne l’avantage de découvrir progressivement un monde assez barré, sans nécessairement comprendre tout de suite qu’il appartient à un univers bien plus large. Sur cette planète, les océans ne sont pas constitués d’eau, mais de spores qui réagissent brutalement à l’eau. La mer Émeraude du titre est verte et forme des lianes au contact de l’eau, par exemple. On découvre Tress, notre héroïne, sur une toute petite île au milieu de nulle part où elle lave des vitres et aime Charlie. Quand ce dernier est fait prisonnier par une terrifiante sorcière à l’autre bout de la planète, elle décide tout naturellement d’aller le sauver, ce qui lance une aventure folle, avec des pirates, un dragon, une sorcière, un rat qui parle et bien d’autres bizarreries. Brandon Sanderson opte pour un narrateur intégré au récit, une astuce bien connue pour dérouler une histoire sans trop en dire dès le départ, puisqu’on ne découvre l’identité du narrateur qu’assez tard dans le récit. C’est aussi une bonne manière de nous plonger dans un monde sans en expliquer les règles, ce qu’un narrateur omniscient aurait pu faire. Ici, on découvre le monde en même temps que Tress et ce récit incroyable au premier sens du terme est plus amusant quand on mesure l’ampleur de ses exploits en même temps qu’elle.
La trame narrative du roman est au fond assez banale et presque secondaire. Ce qui compte, ce n’est pas tant de savoir si Tress peut sauver Charlie, bien plus le voyage lui-même, les personnages truculents sortis de l’imagination évidemment débordante du romancier et les nombreuses péripéties. J’ai retrouvé du Terry Pratchett dans l’humour teintée d’absurde et surtout une bonne dose de sarcasme et je dois dire que j’en étais ravi. Puisque c’est mon premier Brandon Sanderson, je ne sais pas encore si c’est une caractéristique transversale de son œuvre ou un choix spécifique à ce roman. Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé ce ton décalé bienvenu pour faire de Tress de la mer Émeraude une sorte de conte de princesse revisité sans tomber dans le mièvre. Les plus de 600 pages de l’édition française se lisent rapidement et avec plaisir et je crois bien que cette première découverte du Cosmere m’a donné envie d’en lire plus. Je vais avoir l’embarras du choix…