Les Osseleurs, Steven Erikson

Les Osseleurs, Steven Erikson

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Les Osseleurs est un roman important dans la saga du Livre des Martyrs, puisqu’il réunit tous les arcs narratifs précédents en un seul volume. Jusque-là, Steven Erikson avait éclaté son immense univers selon plusieurs arcs séparés : le conflit à Genabackis avec le Pannion Domin dans les tomes 1 et 3, celui à Sept-Cités avec Shra-ik dans les 2 et 4, sans compter le conflit entre Tiste Edur et l’empire Letheri dans le cinquième. Tout ce monde se retrouve à Sept-Cités dans ce roman fleuve qui dépasse à nouveau allègrement les mille pages et qui reprend tous les personnages que l’on a découvert dans les milliers de pages précédentes, enfin ceux qui ont survécu du moins. C’est positif, le lecteur se sent en terrain connu, ce qui ne veut pas dire que la lecture est facile pour autant. Comme toujours, Les Osseleurs est une œuvre dense et complexe, avec de multiples ramifications et une attention de tous les instants est exigée pour suivre l’intrigue et ne pas rater un élément clé. C’est toujours vrai et peut-être que je m’habitue, en tout cas j’ai trouvé que c’était assez bien mené, sauf la partie Letheri qui m’a paru assez pénible et sans grand intérêt d’un bout à l’autre, comme si Steven Erikson avait voulu greffer un deuxième roman sans rapport avec le principal.

Dans les grandes lignes, ce sixième roman se concentre à nouveau sur l’immense guerre menée par l’impératrice Laseen qui règne sur l’Empire Malazéen et qui lutte depuis le tout début de la saga contre la rébellion menée par Sha’ik, tuée à la fin du quatrième livre. Plus particulièrement, on suit les soldats de la XIVe armée menée par l’Adjointe Tavore, avec plusieurs noms bien connus, comme le mage Ben le Vif, Kalam Mekhar, Violain et bien d’autres. Cette fois, Les Osseleurs n’alternent pas d’un chapitre à l’autre entre les deux camps, on se concentre surtout sur les Malazéens et leur pénible traversée du continent des Sept-Cités, en quête des derniers rebelles. Toute cette partie-là est très bien écrite et les événements qui se déroulent dans la cité de Y’Ghatan donnent lieu à un chapitre aussi long que passionnant, avec pour le coup un vrai sens de la tension et un véritable suspense de la part du romancier. On retrouve encore ce sens de l’écriture prenante sur la fin, à Malaz même où le roman se termine et où de nouvelles alliances se forment. Entre les deux, il y a deux autres morceaux qui se greffent avec plus ou moins de réussite. Le roman signe le retour de Ganoes Paran, devenu maître du jeu ce qui laisserait entendre qu’il joue un rôle majeur et pourtant… on ne le voit pas tant que ça et son implication reste assez obscur. C’est pareil pour tout l’arc avec Icarium, qui persiste de roman en roman et ne semble pas vouloir s’éclaircir, cela viendra peut-être. De même, on ne sait pas trop ce que les Letheri viennent faire dans cette affaire, puisqu’à le temps d’une seule scène assez rapidement évacuée, ils restent de leur côté, même si cela fait le lien avec Kara Orlong que l’on a découvert deux romans auparavant.

Bref, Le Livre des Martyrs est toujours d’une ambition aussi grande, pas seulement sur le fond, aussi sur la forme. À mon avis, cela joue quelques tours à Steven Erikson qui aurait peut-être mieux fait de simplifier tout cela et d’écrire plus de romans plus courts. Malgré ces critiques, j’ai apprécié ma lecture et Les Osseleurs a prouvé que le romancier savait imaginer de grandes scènes d’une belle intensité. La déroute de Y’Ghatan est indéniablement un très grand moment qui justifie presque à lui seul de lire le volume, le plus épais jusque-là. Comme toujours, j’oscille entre la lassitude de ces volumes inutilement complexes et l’envie d’en savoir plus. Je penche toujours plus dans cette dernière direction, surtout après les événements décrits à la fin de ce roman et qui permettent d’envisager quelques bouleversements dans l’univers. Et puis, il ne me reste que quatre romans dans la saga, ce serait dommage d’arrêter en si bon chemin…

Informations

Saga : Le Livre Des Martyrs

  • Auteur :
  • Steven Erikson

Éditeur : Éditions Leha

Année : 2020

Nationalité : Canada

Pages : 1116