La Mort immortelle, Liu Cixin
C’est une constante chez Liu Cixin : dans les mêmes romans, on trouve à la fois les idées de science-fiction parmi les plus ambitieuses et folles jamais imaginées, et les clichés les plus rétrogrades qui soient. La Mort immortelle, le dernier roman dans sa trilogie du Problème à trois corps ne fait, hélas, pas exception. Cet épais volume de plus de 900 pages en version poche nous emmène plus loin que la majorité des récits dans le genre, avec un récit principal qui se déroule sur plusieurs siècles et un nombre incroyable d’événements. C’est fascinant et c’est la raison principale qui pousse à le lire, mais il faut encore une fois se farcir des lieux communs, du sexisme et même une pointe d’homophobie au passage. Le tout, sans oublier des personnages à la psychologie digne d’un trou noir et des dialogues jamais très bons.
Pourquoi s’entêter alors ? Pas seulement pour le plaisir de finir une saga et de savoir comment tout se termine — bizarrement, mais c’est tout ce que l’on dira sans trop en révéler —, aussi parce que l’imagination fertile de Liu Cixin peut s’avérer payante. Ici, le conte de Yun Tianming qui contient les clés pour survivre dans l’univers est un excellent puzzle. Quant à l’idée des dimensions qui se recoupent et peuvent écraser les autres, c’est tout simplement brillant et l’auteur parvient à les faire tenir dans son récit avec une clarté assez exemplaire, compte tenu de l’abstraction des concepts. Pour tout fan de science-fiction, cette inventivité change des space-opéras qui enchaînent toujours les mêmes bases et elle peut même quasiment justifier de fermer les yeux sur les éléments grossiers dans cette narration.
Si adaptation il y a, ce qui semble bien parti, espérons que les scénaristes ne gardent que le meilleur et oublient tout le reste. En créant de bons personnages et en éliminant les clichés d’un autre temps, La Mort immortelle pourrait offrir une conclusion assez extraordinaire à une série qui l’est tout autant.