Laurent Cantet, le sens du collectif, Marilou Duponchel et Quentin Mével
À part pour Entre les murs vu à sa sortie et Ressources humaines qui avait été un sujet d’étude au lycée, je n’ai qu’une connaissance très limitée de la carrière de Laurent Cantet. Son style, très « français », ne me branche pas particulièrement et je n’ai jamais eu tellement envie de creuser. L’idée de lire un entretien ne m’attirait ainsi pas spécialement, je dois bien le reconnaître, mais Laurent Cantet, le sens du collectif m’a davantage intéressé qu’escompté, surtout l’entretien mené par Quentin Mével.
Même quand on ne connaît pas la carrière d’un réalisateur et même quand on n’a pas vu ses films, entendre un cinéaste évoquer son processus créatif est toujours passionnant. Dans le cas de Laurent Cantet, c’est sa méthode qui fascine : il travaille volontiers avec des acteurs non-professionnels qu’il fait répéter en boucle avec des improvisations partielles jusqu’à trouver les bonnes formules et le bon ton pour le scénario final. Il se distingue aussi sur les tournages, où il préfère mener les scènes jusqu’au bout en filmant avec des angles différents pour ne garder que le meilleur au montage. Tout ce travail avant et pendant la création du film est très intéressant et l’entretien permet d’apprécier les évolutions de sa méthode au fil des longs-métrages.
Le passage qui m’a le plus intéressé est son commentaire sur le tournage de Foxfire, confession d’un gang de filles, un long-métrage tourné au Canada. Loin du dénuement des plateaux de cinéma français, il doit alors composer avec la machine américaine, de gros camions pleins de matériel qui ne sert pas, et de grosses équipes où, syndicats obligent, chaque corps de métier est strictement associé à une liste de tâches prédéfinies. Ce décalage entre deux continents est fascinant à observer.