Gregg Araki, le génie queer, Fabien Demangeot
Je pensais connaître la carrière de Gregg Araki, l’essai de Fabien Demangeot a bien démontré que j’étais loin du compte. Gregg Araki, le génie queer analyse toute la filmographie du cinéaste américain, de ses premiers films indépendants réalisés sans le sou jusqu’à sa série récente et même sa participation plus anonyme en tant que réalisateur d’épisodes d’autres séries. À l’image de son autre essai sur David Cronenberg publié chez le même éditeur, ce nouvel ouvrage est très synthétique et offre une vision globale de toute une carrière, dressant ses grandes thématiques, analysant les idées fortes derrière chaque œuvre et l’ensemble. Même si ce n’est pas toujours évident avec Gregg Araki, dont le parcours est nettement plus varié que je l’imaginais. Il faut dire que j’ai finalement vu assez peu de ses films et surtout les plus récents, qui sont manifestement bien éloignés des premiers, plus radicaux tant sur la forme que le fond.
Je ne dirais pas que Gregg Araki, le génie queer m’a nécessairement donné envie de découvrir tous les longs-métrages que je n’ai pas vus… et ce n’est pas un problème. J’ai apprécie bien au contraire la faculté de l’auteur à nous donner le contexte nécessaire pour comprendre ses arguments, même sans avoir vu un seul film. L’essai s’appréciera ainsi tout autant, voire peut-être même plus, si l’on ne connaît pas du tout son sujet. Il y a suffisamment de détails, d’explications et de notes de bas de page pour s’y retrouver et comprendre les idées de Fabien Demangeot. Et même si on sent que ce cinéma très étrange n’est pas pour soi, cela n’empêche pas d’apprécier le parcours de Gregg Araki, sa manière de critiquer le cinéma américain et de le subvertir à travers ses histoires. Comme le titre du livre l’indique bien, il est beaucoup questions des luttes autour des LGBTQIA+, même si ce n’est pas le seul thème et même si le cinéaste est véritablement inclassable, en se contredisant parfois d’un film à l’autre. Résumer une œuvre aussi étrange et polymorphe en un essai cohérent n’avait sans doute rien d’évident et Gregg Araki, le génie queer le fait remarquablement bien.