
L’Empire Ultime, Brandon Sanderson
Après quatre romans, la recette Brandon Sanderson est désormais bien claire dans ma tête et je regrette qu’elle n’évolue pas davantage d’un volume à l’autre. Pour autant, L’Empire Ultime qui ouvre la trilogie originale du Fils-des-Brumes m’a happé comme les autres et non seulement j’ai lu ce premier volume avec entrain d’un bout à l’autre de ses plus de 900 pages, j’ai hâte de découvrir la suite. C’est bien la preuve que le romancier a bien raison, au fond, de maintenir la formule bien établie, d’autant qu’on n’a pas l’impression de relire la même histoire à chaque fois. J’aimerais quand même un petit peu plus d’originalité dans la manière de concevoir les grands arcs narratifs, peut-être une pointe supplémentaire de surprise vis-à-vis des personnages et de leurs rôles respectifs, mais je dois reconnaître que l’auteur a le don pour créer des univers fantastiques avec une logique interne à la fois originale et très bien ficelée.
Ici, le Seigneur Maître immortel règne sans partage depuis un millénaire quand on découvre son Empire et son fonctionnement très hiérarchisé. Quelques nobles se partagent les richesses sans les partager avec la masse, des skaas réduits à l’état d’esclavage et surtout qui semblent largement incapables ne serait-ce que d’entretenir l’idée d’une rébellion, encore moins de la mettre en œuvre. L’Empire Ultime suit les pas de Vin, une jeune voleuse qui est repérée par un chef de bande mythique avec une idée folle : Kelsier veut tuer le Seigneur Maître, détruire l’empire tout entier et le remplacer par un système plus juste. On découvre au fil des pages les mécanismes de l’allomancie, le don de certaines personnes pour manipuler des métaux et gagner en force, clairvoyance, pouvoir de persuasion, voire pour voler ou même deviner le futur proche. Comme souvent chez Brandon Sanderson, l’héroïne se dévalue au départ et nous est présentée comme une moins que rien, alors que c’est elle qui va s’inscrire au cœur de l’intrigue. C’est attendu, tout comme tous les rebondissements qui concernent sa relation avec Elend[^1] et de manière générale, la trajectoire du roman. Cela dit, les derniers chapitres sont plein d’action comme toujours — un autre cliché du romancier — et je ne pensais pas que le premier tome allait se terminer ainsi. Sans aller dire que c’est un twist, je m’attendais à ce que l’écrivain reste sur la même lancée par la suite et comme ce n’est pas le cas, je suis très curieux de voir ce que le deuxième roman me réserve.
J’espère que Brandon Sanderson pensera dans la suite à ouvrir ses personnages à davantage de diversité. Que les relations romantiques soient toutes hétérosexuelles, passe encore, mais pourquoi L’Empire Ultime devait être si masculin ? S’il compte certes une héroïne, Vin est quasiment la seule femme de tout le roman et il n’y a en tout cas strictement aucun autre rôle principal féminin, tout juste un eunuque. C’est dommage, ce ne sont pourtant pas les personnages qui manquent pourtant et on est dans le domaine de la fiction, fallait-il forcément reproduire notre société macho à l’identique ? L’inventivité du romancier ne devrait pas se limiter à l’utilisation de métaux…