My Dear F***ing Prince, Casey McQuiston
Avant d’être un long-métrage, My Dear F***ing Prince était un roman. Comme j’avais bien aimé le film tout en restant un petit peu sur ma faim, j’étais curieux de voir ce que donnait la version avec des mots. En six cent pages, Casey McQuiston a forcément plus de place pour davantage de personnages et surtout des personnages mieux creusés. L’adaptation a éliminé des pans entiers du roman pour tenir en deux heures et la vision de l’autrice est plus riche et intéressante. Et même si l’ouvrage est vendu pour les adolescents, j’étais surpris de constater qu’il était aussi nettement plus sexe que dans le film, avec une description assez chaude de la romance entre le prince et le fils de la présidente.
L’intrigue générale est évidemment la même, avec les mêmes travers et en particulier une absence totale de toute conscience écologique. C’est néanmoins moins choquant à l’écrit je trouve, et puis My Dear F***ing Prince en version roman se rattrape sur tout le reste. Alex est le narrateur, on découvre Henry à travers ses yeux uniquement, ce qui fonctionne mieux selon moi, parce qu’on ne sait pas ce que le prince pense. On découvre au fil du texte ses sentiments, mais j’ai trouvé que c’était mieux amené que dans le long-métrage, où les deux points de vue sont présentés. La découverte de leur amour réciproque est bien amené et il faut saluer le talent de l’autrice pour les dialogues. Elle a un don pour créer des échanges réalistes et avec un humour que je n’imaginais pas dans la version cinématographique. La séquence avec la Reine est sans doute le point culminant et elle m’a bien fait rire. Côté comédie romantique, l’alchimie entre les deux personnages principaux est nettement mieux rendue, notamment sur le plan sexuel, avec une relation qui évolue logiquement et qui est décrite presque sans détours. Le coup de foudre est en tout cas mieux présenté et ce premier amour est vraiment touchant dans le roman, bien plus que dans le film.
À l’heure des bilans, My Dear F***ing Prince n’a pas la prétention d’être de la grande littérature, mais ce premier roman m’a impressionné. Casey McQuiston a un vrai don pour mettre en scène ses jeunes personnages et les faire évoluer et sa vision d’un monde sans Donald Trump et plus tolérant est forcément si touchante. Sa représentation positive d’un amour queer dans les plus hautes sphères fait plaisir et même si la fin toute mignonne est bien trouvée— et identique au film —, j’aurais aimé continuer un petit peu avec les deux personnages. De quoi peut-être imaginer une suite ?