Conquest, Nina Allan
Suivant un bon conseil et ne sachant uniquement que le roman parlait de complotisme, comme Qui se souviendra de Phily-Jo ? qui m’avait beaucoup plu, j’ai commandé Conquest en ne sachant rien de plus du livre ou de son autrice. L’intrigue se construit autour de la disparition de Frank, jeune homme brillant qui tombe dans le complotisme avant de disparaître du jour au lendemain sans prévenir. Inquiète, sa sœur Rachel embauche Robin, une détective privée, pour mener l’enquête et savoir ce qui est arrivé à son frère. Nina Allan adopte initialement le point de vue de Frank, puis brièvement celui de Rachel, mais opte principalement pour celui de Robin, qui essaie de comprendre ce qui est arrivé à Frank et surtout, qui découvre les théories à base d’invasion extraterrestre en même temps.
Comme dans le roman de Marcus Malte, l’enjeu n’est pas de se moquer des théories qui semblent absurdes et encore moins de ceux qui y croient dur comme fer, mais plutôt de prouver que ces complots reposent sur un socle solide et peuvent toucher tout le monde. Frank n’est pas un idiot, loin de là : décrit comme un développeur brillant, c’est aussi un mélomane fan de Bach et qui connaît non seulement ses plus grandes œuvres, mais aussi son influence considérable sur le monde de la musique. Il se sert même de ce savoir pour alimenter l’autre, sur les êtres venus d’ailleurs qui pourraient s’en prendre à l’humanité grâce à des altérations biologiques. Le parallèle entre les deux domaines est brillant pour démontrer que ces théories du complot se construisent sur des bases saines, mais dérivent dans leurs conclusions sans que l’on sache très bien pourquoi. Conquest n’essaie pas de convaincre ses lecteurs de la véracité de ces thèses sur la guerre en cours contre des créatures venues de l’espace. Le roman essaie quand même de brouiller les cartes, notamment en incluant les textes fictifs qui servent de base au complot. Au cœur de son récit, Nina Allen insère La Tour, une nouvelle fictive considérée par Frank et les autres adeptes de sa théorie comme une preuve de l’invasion. Ce qui est passionnant, c’est que ce récit parle lui-même d’un complot et reproduit le même schéma que le roman.
Conquest est assez court et se lit facilement, une belle réussite alors même qu’il intègre d’autres textes fictifs et brouille les pistes à plusieurs reprises. Je ne veux pas dévoiler la fin, mais je l’ai trouvé elle aussi assez brillante sur le même mode du complot. Je recommande !