Disco Elysium
Vous incarnez un policier alcoolique et amnésique qui se réveille dans une chambre d’hôtel miteuse sans la moindre idée de ce qu’il fait là. Disco Elysium surprend dès les premières minutes par ses graphismes à la main originaux et surtout son ambiance crade. L’univers urbain imaginé par les créateurs est aussi détruit que les personnages, tous mal en point et bien souvent mal intentionnés. D’ailleurs, le détective que vous incarnez n’est pas bien meilleur, au contraire même, c’est un sale type, un flic voyou qui noie son incompétence dans l’alcool et tient à peine sur ses deux jambes. Si vous ne faites pas gaffe, vous pourrez mourir dans les premières minutes du jeu et même s’il n’y a pas réellement d’action ou de combats dans Disco Elysium, c’est une menace à ne jamais perdre de vue.
Mélange astucieux de jeu d’aventures en mode « point-and-click » à l’ancienne et de jeu de rôle, le titre fait la part belle aux personnages et aux longs dialogues. Il y a beaucoup de texte à écouter ou lire, sachant que les voix sont uniquement proposées en anglais, mais que les sous-titres sont traduits en français. Ils ne seront pas de trop d’ailleurs, car Disco Elysium repose beaucoup sur ces dialogues pour avancer l’intrigue et surtout son personnage. Toute la partie exploration de Révachol, recherche d’indices et discussions avec les locaux sont résolument du côté de l’aventure, mais ce qui fait la spécificité du jeu est cette touche venue du RPG, avec un système de compétences à améliorer pour votre personnage. Vous débutez comme un flic détestable, alcoolique et violent, mais vous avez une petite latitude pour le faire évoluer dans la direction que vous souhaitez. J’ai beaucoup apprécié la possibilité de creuser la relation avec son collègue, au point de terminer en relation amoureuse et je dois dire que je ne m’attendais pas à cette possibilité. Vos choix influent la suite, tant pour l’enquête que pour les compétences du personnage et ainsi ses capacités à se sortir de situations compliquées. Autre héritage du jeu de rôle, des lancers de dés peuvent être tentés pour plusieurs actions et s’il est parfois possibles de les relancer, d’autres occasions sont uniques. Si vous ratez, Disco Elysium vous laissera d’autres opportunités pour avancer malgré tout, mais j’ai trouvé ce mécanisme astucieux pour renouveler le genre.
Après 18 bonnes heures, j’avais terminé l’enquête principale et mené mon détective là où je le souhaitais. Disco Elysium ressemble à cet égard à une (longue) saison de série policière interactive, mais le jeu ne s’épuise pas nécessairement après un seul essai. Je ne referais pas l’aventure tout de suite, mais je garde le titre dans ma bibliothèque Steam et je pourrais bien m’y remettre un jour ou l’autre, en faisant des choix différents et, j’en suis sûr, en découvrant de nouveaux détails qui m’avaient échappé la première fois.