The Wonder, Sebastián Lelio
Une infirmière anglaise est envoyée en Irlande en 1862 pour observer un cas inédit : une jeune fille de neuf ans qui ne semble plus avoir besoin de manger. Cela fait quatre mois que sa famille maintient qu’elle n’a rien mangé et pourtant la petite Anna, neuf ans, semble en pleine forme. Est-ce un miracle, comme la principale intéressée et plusieurs personnes dans le village semblent le penser ? Ou y a-t-il une explication rationnelle, comme le médecin voudrait le croire ? The Wonder se construit autour de cette question, alors que Elizabeth Wright doit se contenter d’observer la jeune fille, en alternant avec une bonne sœur. Sebastián Lelio adapte un roman d’Emma Donoghue, qui a aussi participé à l’écriture de cette adaptation pour le grand écran. Le résultat est une plongée magnifique et intéressante dans ces temps reculés où les miracles semblaient encore possible.
The Wonder surprend d’abord par sa forme, d’autant que le réalisateur a une idée originale. On débute non pas dans l’Irlande du XIXe siècle, mais dans un studio de cinéma moderne, celui où le tournage du film a été réalisé. On découvre d’abord l’extérieur des décors qui seront utilisés par la suite, avec une voix off qui nous incite à croire aux histoires. Pourquoi casser ainsi le quatrième mur dès le départ, puis à quelques reprises dans la suite ? Je dois dire que ce choix me laisse un petit peu circonspect, je ne suis pas sûr qu’il apporte grand-chose au projet. Mais enfin, cela ne dure pas et quand on débarque dans l’Irlande de 1862, la qualité de la reconstitution émerveille. Sebastián Lelio a opté pour un traitement « naturel », avec uniquement des éclairages réalistes, ce qui veut dire que son film est assez sombre. Même les séquences extérieures, dans les tourbières irlandaises, ne sont pas très lumineuses, c’est toute l’ambiance du projet qui est ainsi et c’est une vraie réussite.
L’autre point fort de The Wonder, sans surprise, est son actrice principale. Florence Pugh est comme toujours parfaite dans le rôle de l’infirmière, avec un rôle qui oscille constamment entre la rigueur scientifique et la pointe de folie. Elle tient à elle seule le film sur ses épaules, même s’il faut aussi saluer le choix de Kíla Lord Cassidy face à elle. La jeune actrice a un regard d’une intensité déroutante et elle est parfaite dans ce rôle. Ce sont bien elles qui rendent le long-métrage aussi intense et passionnant. À ne pas rater.