
Wake Up Dead Man : Une histoire à couteaux tirés, Rian Johnson
Je dois confesser mon scepticisme après avoir regardé le très bon À couteaux tirés et appris que Rian Johnson comptait en faire une saga. Pourtant, le deuxième volet était fort sympathique lui aussi et je me demande si la suite n’est pas encore meilleure et peut-être le film le plus réussi des trois. Si Wake Up Dead Man : Une histoire à couteaux tirés reprend le même concept, à savoir une enquête résolue par l’enquêteur de talent Damien Blanc (avec un c qui claque comme un k à la fin, parce que), le cinéaste change de cadre et ajoute la dimension qui manquait peut-être aux deux précédents. Même s’il est encore question d’argent ici, la religion s’en mêle et avec elle, c’est une analogie assez évidente avec la politique qui se pointe. Le culte de la personnalité autour du mort, l’aveuglement de ses fidèles qui acceptent jusqu’au plus absurde, les théories du complot… tout est là. Ce condensé de notre société doublé d’une critique assez acerbe offre au projet un sous-texte bien plus riche que dans les précédentes et j’ai trouvé cela très appréciable, même si Rian Johnson ne propose pas une œuvre politique pour autant.
La dernière enquête de Benoit Blanc reste avant tout pensée comme un puzzle à résoudre et Wake Up Dead Man : Une histoire à couteaux tirés prend son temps, près de 2h30, pour agencer toutes les pièces. C’est un vrai délice de découvrir ce meurtre « impossible » et de dérouler toute l’enquête, sans éviter les innombrables impasses qui se dressent en chemin. Le réalisateur a aussi écrit le scénario, comme sur les deux précédents de la saga, et on sent tout le malin plaisir qu’il prend à glisser ses indices en plein milieu de l’écran, tout en détournant l’attention des spectateurs sur le bord1. Rian Johnson est un très bon technicien, il sait utiliser les bons outils pour manipuler le spectateur et on se laisse faire avec joie. Je n’ai pas vu le temps passer et si j’avais peur que départ que le cabotinage outrancier de Daniel Craig finisse par lasser, il n’en est rien. Il faut dire que l’acteur est entouré d’un tout nouveau casting sur cette suite et il y a de quoi faire autour de lui. Josh O’Connor est très bien dans le rôle du vicaire et assistant enquêteur, Josh Brolin est délicieux dans celui du prêtre odieux, mais la star bien sûr, c’est Glenn Close. L’actrice est géniale dans son rôle de bigote aveuglée par son adoration pour le prêtre et son jeu tout aussi extravagant contre-balance et équilibre celui de Daniel Craig. Une vraie réussite.
Alerte divulgâchage ! La séquence de la photo dans le bar est assez bluffante à cet égard. La vérité n’est pas cachée, elle est bien visible, mais un personnage repère autre chose et forcément, nous aussi. ↩︎