Ses trois filles, Azazel Jacobs

Ses trois filles, Azazel Jacobs

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La mort imminente de leur père pousse Katie, Rachel et Christina à revenir dans l’appartement de leur jeunesse. Cela fait des années qu’elles ne se voient plus vraiment et les tensions montent vite pendant les quelques jours qui précèdent le décès. Voici le point de départ de Ses trois filles, un long-métrage au dispositif si simple que j’ai cru à un moment qu’il s’agissait de l’adaptation d’une pièce de théâtre. Azazel Jacobs a pourtant écrit une histoire originale avant de la réaliser, mais c’est le choix de tourner dans un véritable appartement new-yorkais qui a imposé une mise en scène assez statique et des scènes de dialogues, voire monologues, qui pourraient en effet convenir sur la scène d’un théâtre. N’y voyez pas une déception de ma part néanmoins : dans ce genre de projet, tout tient sur les épaules du casting, et quelles épaules. Le réalisateur a manifestement écrit le scénario en pensant aux trois actrices qu’il voulait pour jouer les filles et cela se voit. Carrie Coon, Nathasha Lyonne et Elizabeth Olsen sont toutes trois épatantes, avec une mention spéciale pour ces deux dernières qui sont même éblouissantes. En tout cas, le film tout en entier ne tient en place que grâce à leur engagement et leur jeu tout en sincérité.

Sans cela, Ses trois filles n’aurait rien de bien excitant, mais son cœur est justement les relations entre les trois sœurs et toutes les émotions qu’elles ressentent alors que leur père est en train de mourir. L’aînée, maniaque du contrôle, est insupportable à lancer des piques contre sa cadette, à qui elle ne fait que des reproches alors qu’elle est elle-même loin d’être irréprochable. Sa cadette justement refuser de regarder la vérité en face et préfère s’isoler dans sa chambre à fumer au lieu d’affronter la mort de son père. Et la petite dernière essaie désespérément de réconcilier ses deux sœurs et tente de ses persuader que tout va bien, une stratégie qu’elle semble mener depuis toute sa vie. En une bonne heure et demie, Azazel Jacobs brasse énormément de sujets, l’obligation ressentie face à un parent en fin de vie, la culpabilité de ne pas avoir été là ou de ne pas avoir fait suffisamment. Alors même qu’il n’y a qu’un appartement et quelques personnages, alors même que l’action se résume à une série de dialogues à deux ou trois personnes en général, Ses trois filles est étonnamment dense et complexe. Une vraie réussite, à ne pas rater.

Informations

Titre original : His Three Daughters

Année : 2024

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Drame
  • Comédie

Durée : 1h41