Top Gun : Maverick, Joseph Kosinski

Top Gun : Maverick, Joseph Kosinski

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Après avoir désobéi aux ordres et détruit un prototype qui valait probablement plusieurs dizaines de millions de dollars, Maverick/Tom Cruise est convoqué par son supérieur. Les pilotes humains n’ont plus aucun avenir dans l’armée, argumente-t-il, l’avenir est aux drones. « Un jour, peut-être, mais pas aujourd’hui », répond alors notre valeureux héros. Un message que les scénaristes de Top Gun : Maverick semblent eux-mêmes avoir adopté, en prouvant justement dans les deux heures qui suivent que les pilotes humains n’ont pas dit leur dernier mot.

Trente-six ans après Top Gun, un classique un peu kitsch des années 1980 qui mérite surtout le détour pour ses combats aériens, cette suite est… en gros la même chose, mais en IMAX. L’intrigue est à nouveau une vague excuse pour enchaîner les séquences dans les airs, la musique dégoulinante accompagne des héros qui célèbrent les États-Unis devant autant de drapeaux que possible, l’ennemi n’est pas identifié, mais assez clairement quelque part entre la Russie et l’Asie et on a toujours des séquences sépia sur des fonds de coucher de soleil. Pour autant, à condition de lancer le film en sachant à quoi s’en tenir et de tolérer la nostalgie à pleins tubes, le spectacle n’est pas forcément désagréable.

Joseph Kosinski a opté pour une approche prudente. Face à un film jugé culte par toute une génération, il choisit l’hommage fortement appuyé, pour ne pas dire la copie, plutôt que de courir le risque de décevoir en innovant. Tom Cruise incarne à nouveau Maverick, pilote hors pair qui a connu une brillante carrière depuis ses débuts illustrés dans Top Gun et qui reste un pilote en forme. L’acteur a beau avoir fêté son soixantième anniversaire cette année, il reste injustement en pleine forme et enchaîne les cascades comme si de rien n’était. On ne peut que reconnaître son talent dans ce domaine et il se donne à fond pour ce retour de l’un des films qui a lancé sa carrière dans la plus hautes sphères. À ses côtés, la vie n’a pas été aussi tendre pour Val Kilmer et même si l’acteur fait une apparition, son état de santé l’interdit tout premier rôle. Presque contraint et forcé, Top Gun : Maverick apporte un petit peu de sang neuf avec de nouveaux pilotes et surtout Rooster, le fils de « Goose », mort dans le premier film. De quoi introduire un petit peu de tension et de gonfler, à peine, des personnages qui restent malgré tout largement des caricatures. Comme Tony Scott, le nouveau réalisateur se concentre sur les scènes d’action et oublie tout le reste. Tant qu’à faire, je crois qu’il aurait pu abandonner l’intrigue amoureuse qui n’apporte rien, si ce n’est l’assurance renouvelée que le héros est bel et bien hétérosexuel. Le temps d’un jeu de balles sur la plage, on avait pourtant de quoi en douter.

Les séquences dans les airs sont encore une fois les meilleurs moments et les avions les vraies stars. Sur ce point, force est de constater que Top Gun : Maverick vise juste, avec des scènes d’action parfaitement calibrées. La caméra est toujours au bon endroit au bon moment et le spectateur suit aisément ce qui se passe tout en en prenant plein la vue en continu. Je reste toujours aussi circonspect face au choix de basculer sans arrêt entre plans avec et sans IMAX, mais je ne peux pas bouder le plaisir de voir ces cascades aériennes époustouflantes. De quoi justifier le film tout entier, en compensant les clichés, le patriotisme exacerbé, l’histoire simpliste ou encore l’espoir vain d’un retour dans le passé. Au-delà de l’attrait nostalgique qui ne me concerne pas vraiment, Joseph Kosinski propose un spectacle de haute voltige qui justifie à lui seul une séance.

Informations

Saga : Top Gun

Titre original : Top Gun: Maverick

Année : 2022

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Action
  • Drame

Durée : 2h10