Thor : Love and Thunder, Taika Waititi

Thor : Love and Thunder, Taika Waititi

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Contre toute attente, Taika Waititi a convaincu chez Marvel avec son Thor: Ragnarok qui se perdait dans un humour trop lourd et surtout destructeur de tout enjeu dramatique. Je n’avais pas tellement apprécié cette interminable succession de vannes pas fines et de décors kitsch, mais j’avais manifestement tort et le réalisateur est de retour avec une suite. Thor: Love and Thunder se cale après Avengers: Endgame, mais il reste suffisamment à l’écart de l’immense saga Marvel pour être regardé sans avoir les 28 (!) films qui précèdent. Et j’étais peut-être de meilleure humeur cette fois, mais j’ai trouvé que le résultat était plus réussi, sans être parfait pour autant, loin de là.

La différence, c’est sans doute l’orientation voulue par Taika Waititi, qui s’est lancé dans l’idée de glisser une comédie romantique au milieu de son blockbuster. Thor: Love and Thunder reste une énorme production hollywoodienne, n’y cherchez pas de subtilité ni même de complexité, mais il est vrai que l’intrigue amoureuse entre Thor et Jane Foster est bien écrite et apporter de la saveur au projet. Natalie Portman n’avait pas repris son rôle depuis le mauvais Thor: Le Monde des Ténèbres, elle revient ici sous une autre forme en endossant les habits — au kitsch assumé — de Mighty Thor. Une bonne piste, qui permet au scénario de réinitialiser son histoire avec Thor et de pimenter quelque peu leur relation. Le cinéaste conserve par ailleurs un humour marqué et, j’ai trouvé, plutôt réussi. La séquence au début avec les Gardiens de la Galaxie est pleine d’auto-dérision et assez drôle, le Nouvel Asguard transformé en parc d’attraction est une belle trouvaille et le Zeus incarné avec délice par Russell Crowe est hilarant. Cette légèreté est astucieusement contre-balancée, à la fois par le sérieux de la relation amoureuse qui n’est pas traitée comme une évidence et qui est correctement menée, et surtout par un méchant bien traité pour une fois. Christian Bale est excellent dans ce rôle et son personnage conserve une trace d’humanité qui lui évite la caricature trop facile que l’on voit trop souvent dans ces films. Ajoutez à cela une diversité sexuelle hélas encore surprenante dans un Marvel, avec deux personnages ouvertement LGBTQ+1, et vous obtenez un cocktail convaincant.

Thor: Love and Thunder est entaché par quelques défauts néanmoins, à commencer par cette bizarre idée des enfants soldats sur la fin. Je ne sais pas d’où elle vient, mais ça ressemble à une fausse bonne idée comme Taika Waititi en a parfois et toute cette séquence finale avait un côté gênant qui m’a rappelé son Jojo Rabbit. Le bordel ambiant est un autre défaut, le projet part dans une multitude de directions différentes et semble s’y perdre par endroit. Quand on sait que la première version montée durait 4h30, on comprend un petit peu mieux. Il a fallu faire des coupes franches sévères et il n’est pas difficile d’imaginer que le projet en a pâti. Cela étant, j’ai trouvé ce Thor: Love and Thunder pas désagréable et c’est sans doute le meilleur de la série consacré au personnage. Ce n’est déjà pas si mal…


  1. L’inclusion de ces personnages est bienvenue, même si le réalisateur s’est peut-être emporté quand il a promis un film « super gay » pendant sa promotion. On sent bien que l’on reste dans les limites hyper contraignantes de Disney, mais Taika Waititi a pu les repousser un petit peu. Tout comme il a eu cette drôle d’idée des gerbes d’or pour remplacer le sang toujours tabou pour l’entreprise américaine : il fallait y penser. ↩︎

Informations

Saga : Thor

Titre original : Thor: Love and Thunder

Année : 2022

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Fantastique
  • Action
  • Comédie

Durée : 1h58