Suzume, Makoto Shinkai
Encore une romance adolescente sur fond de fantastique ? J’avais été impressionné par le travail de Makoto Shinkai, en particulier sur l’épatant Your Name, mais déjà Les Enfants du Temps qui a suivi semblait bien trop proche, avec une trame générale similaire. Rebelotte quelques années plus tard, avec Suzume qui raconte l’histoire d’une jeune lycéenne japonaise qui tombe sous le charme d’un étudiant et qui traverse tout le pays sur fond de vers à garder sous la terre sous peine de provoquer des séismes. La fusion entre réalisme et fantastique ainsi que cette manière de toucher à l’universel avec un récit profondément japonais sont parfaitement maîtrisées et le talent de Makoto Shinkai n’est plus à prouver. Et en même temps, j’ai trouvé cela nettement moins bien, presque déjà vu. Les clins d’œil appuyés à l’univers de Ghibli n’ont sans doute pas aidé, l’ensemble m’a paru un petit peu fade, malgré quelques bonnes idées ici ou là.
Peut-être que mon intérêt aurait été plus fort si le réalisateur avait pu mener son idée originale à bien. Comme il l’a expliqué en interview, son idée originale était d’écrire une romance entre Suzume et une fille, mais cette relation lesbienne était manifestement impensable. Contraint de raconter une nouvelle romance hétéro, il a choisi de la réduire au maximum en transformant le bellâtre en… une chaise. C’est l’aspect le plus intriguant de Suzume et cette chaise personnifiée qui court et saute partout m’a rappelé le travail de Pixar, avec une bizarrerie qui tend à la gêne. Déjà que la relation entre une lycéenne et un étudiant est assez étrange, mais elle devient carrément tordue quand la jeune fille s’assied sur la chaise. Je ne sais pas si c’est de la maladresse ou voulu, mais quoi qu’il en soit, cette idée est assez gênante. Pour le reste, c’est une romance tout à fait banale et au parcours sans surprise, surtout quand on a vu les précédentes réalisations de Makoto Shinkai. C’est souvent magnifique, la représentation d’un Japon dévasté par les séismes et tsunamis est une image forte qui rappelle Fukushima… mais tout ceci forme un long-métrage bien banal, malheureusement.