Still Alice, Richard Glatzer et Wash Westmoreland

Still Alice, Richard Glatzer et Wash Westmoreland

Publié le

Professeure de linguistique, Alice a fondé toute sa carrière professionnelle et même toute sa vie à la recherche et l’enseignement autour des mots. C’est pourquoi le fait de les oublier, d’abord un au détour d’une conférence, puis de plus en plus, revient à perte de tout son univers. Still Alice s’intéresse à une maladie bien connue, mais contre laquelle on n’a toujours aucun traitement : Alzheimer. Le personnage principal vient tout juste de fêter son cinquantième anniversaire, alors c’est une théorie qui paraît absurde, mais les diagnostiques sont formels. Elle est victime d’une forme rare de la maladie qui se déclare à un âge précoce et qui peut s’aggraver rapidement. Pire, cet Alzheimer familial est transmissible génétiquement et les enfants qui en héritent ont 100 % de risque de l’avoir à leur tour. De quoi bouleverser le monde de n’importe qui, mais c’est logiquement encore pire pour une spécialiste de la langue et des mots.

Ce drame déchirant est mené par une Julianne Moore en grande forme. L’actrice a tout donné pour ce rôle, étudiant la maladie pendant des mois avant le tournage, et cela se voit. Son jeu évolue doucement et avec naturel, des premiers oublis qui ressemblent à des pertes de mémoire temporaires comme on peut tous en vivre, aux situations plus critiques, comme lorsqu’elle ne reconnaît même plus sa fille. Still Alice est adapté du roman éponyme écrit par Lisa Genova et dans les deux cas, l’idée brillante est d’adopter le point de vue de la malade. J’ai trouvé que l’actrice le rendait particulièrement bien, on ressent sa détresse au fur et à mesure de l’évolution de la maladie, on comprend ce qu’elle vit, cette impression de voir le sol disparaître sous ses pieds. La séquence du discours, en particulier, est poignante et justifierait à elle seule de regarder tout le film. Cette émotion vient peut-être du duo de réalisateurs : c’est le dernier projet que Wash Westmoreland a pu mener avec Richard Glatzer, son mari est mort d’une maladie lui aussi neurologique quelques mois après la sortie du long-métrage. Autant dire que les deux hommes savaient de quoi ils parlaient et cette proximité personnelle a sans doute contribué au succès de l’ensemble.

Alzheimer est souvent racontée par un tiers, et pour cause : une fois que la maladie a fait son œuvre, les victimes ne peuvent même plus dire ce qu’elles vivent. À ce stade, elles ne sont même plus forcément malheureuses, contrairement à leurs proches qui ont perdu quelqu’un d’encore vivant. L’approche de Still Alice est à cet égard particulièrement intéressante : Richard Glatzer et Wash Westmoreland explorent le vécu d’une personne qui se sent partir, avant qu’il ne soit trop tard pour en parler encore. C’est là tout l’intérêt du film, par ailleurs assez conventionnel, mais qui sort du lot par son point de vue et surtout, il faut bien le dire, par la prestation impeccable de Julianne Moore.

Informations

Année : 2014

  • Nationalités :
  • France
  • Royaume-Uni
  • États-Unis
  • Genre :
  • Drame

Durée : 1h41