Sharper, Benjamin Caron
À la question, une œuvre doit-elle faire preuve d’originalité pour être réussie, Sharper répond clairement : non. Le long-métrage réalisé par Benjamin Caron, son premier, raconte une histoire d’arnaques imbriquées qui ne fait pas semblant d’être radicalement nouvelle. Le film évoque au contraire quelques grands noms du genre, j’ai en particulier pensé à David Fincher, ce qui ne veut pas dire que c’était une déception. Cette nouvelle variante proposée par Apple TV+ est parfaitement menée, maligne et fort divertissante : elle n’avait pas besoin de plus pour occuper deux heures de temps.
Suivant un découpage par personnage, Sharper ne reste pas toutefois sur la même intrigue de base avec différents points de vue. L’histoire avance normalement en passant d’un personnage au suivant, pour révéler une série d’arnaques toutes plus audacieuses. Puisque Benjamin Caron choisit d’ouvrir le film en annonçant la couleur, le spectateur est au courant que le titre désigne un arnaqueur en argot, si bien qu’il s’y attend forcément dans la première partie. Quand 350 000 $ échangent de main à la fin de cette séquence, on sait assez bien pourquoi, mais le film ne fait que commencer. La suite continue de monter en ambition, avec tout d’abord près d’un million de dollars et bientôt un héritage à 9,2 milliards, rien que ça. Chaque segment ajoute une pièce supplémentaire et le puzzle qui se forme ainsi est très bien mené, sans fausse note. Il faut dire que le projet peut compter sur un casting impeccable, Juliane Moore en tête et l’actrice est une excellente veuve éplorée quand il le faut. À ses côtés, Sebastian Stan et Justice Smith sont impeccables, même si je retiendrais surtout la prestation de Briana Middleton que je découvrais par la même occasion. En bref, sans être un futur chef-d’œuvre du septième art, j’ai beaucoup apprécié ce Sharper qui est tout à fait recommandable si vous aimez les films façon puzzle.