Perfect Days, Wim Wenders

Perfect Days, Wim Wenders

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Le quotidien d’un homme qui nettoie les toilettes publiques d’un quartier de Tokyo. C’est tout et c’est bien assez pour remplir un film, telle pourrait être la leçon de Wim Wenders. Même si je trouve que Perfect Days aurait peut-être mérité d’être un poil plus court, il serait à mon avis bien plus fort avec une demi-heure de moins, il faut bien reconnaître le talent du cinéaste et de son acteur principal. Logiquement célébré à Cannes, Kōji Yakusho n’a quasiment aucun dialogue pendant deux heures, ce qui ne l’empêche pas d’imposer immédiatement une présence incroyable et de tenir le film presque uniquement sur ses deux épaules. Son personnage parle peu, vit seul et suit une routine stricte qui ne change jamais d’un jour sur l’autre, de l’ordre de nettoyage des toilettes en passant par l’endroit où il déjeune le midi, jusqu’aux lieux qu’il fréquente le soir et même les commerces qu’il visite le dimanche, son seul jour de repos dans la semaine. Le réalisateur allemand opte pour une structure très simple, où l’on suit les pas du personnage une première fois fidèlement, puis en accéléré les jours suivants, entrecoupant chaque journée d’une séquence de rêves en noir et blanc. Il n’essaie pas d’introduire inutilement du drame : même quand la nièce débarque sans prévenir, c’est pour suivre son oncle dans son travail au quotidien.

Malgré ce dispositif minimal, Perfect Days est un film d’une richesse assez difficile à croire. Il dit énormément, à la fois sur le Japon, sa légendaire propreté en même temps que le mépris ouvertement affiché pour la personne qui nettoie tous les jours les toilettes, avec une attention portée aux détails qui frise la caricature. J’ai été frappé par l’épaisseur du personnage, alors même qu’il ne dit presque rien. Par petites touches, le cinéaste offre à Kōji Yakusho tout le matériel nécessaire pour composer un homme crédible. Les cassettes de Lou Reed, Van Morrison et d’autres artistes américains des années 1970 qu’il écoute religieusement tous les matins dans sa voiture. Son attention portée aux arbres, les pousses qu’il récupère en chemin et qu’il soigne au quotidien comme ses enfants. Son appareil photo argentique qu’il utilise à raison d’une pellicule par semaine avec du film noir et blanc. Tous ces petits éléments s’accumulent pour former un portrait riche et complexe, qui fait tout l’intérêt du projet. L’idée n’est peut-être pas très vendeuse au départ, mais Perfect Days est une vraie réussite qui mérite le détour.

Informations

Titre original : PERFECT DAYS

Année : 2023

  • Nationalités :
  • Allemagne
  • Japon
  • Genre :
  • Drame

Durée : 2h03