Le Paradis, Zeno Graton

Le Paradis, Zeno Graton

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Pour son premier long-métrage, Zeno Graton a réussi à me surprendre en partie alors que la base semblait pourtant téléphonée, ce qui est déjà une réussite en soi. Le Paradis raconte une romance entre deux jeunes en centre pour mineurs délinquants, je m’attendais à un film centré sur l’homophobie ambiante et ce n’est pas du tout le cas. Quand Joe rencontre William, les premiers regards sont timides — on est en milieu carcéral après tout —, mais les deux garçons n’ont pas besoin de beaucoup de temps pour se comprendre et s’embrasser. L’homosexualité reste un sujet en soi, puisqu’ils essaient de cacher leur relation qui est de toute manière interdite par un règlement qui empêche toute proximité, mais ce n’est pas le sujet au cœur du scénario. J’ai apprécié cette approche directe et rafraichissante, tout comme j’ai beaucoup aimé les deux acteurs principaux et leur relation immédiatement fusionnelle, un bel exploit quand on pense que Le Paradis est court, n’atteignant même pas les 90 minutes. Khalil Gharbia (que je découvrais au passage, un nom à garder en tête) comme Julien de Saint Jean (que j’avais croisé récemment dans ‌Le Comte de Monte-Cristo) sont tous deux excellents pour transmettre des émotions complexes avec de simples regards. Les mots sont inutiles et pourtant leur relation parvient à être riche et profonde, c’est une belle réussite.

Au-delà de la romance, le cinéaste belge parvient aussi à dresser un portrait particulièrement convaincant d’un centre de détention plein de jeunes d’environ 17 ans. J’ai apprécié l’absence de traitement systématiquement négatif et sans enjoliver la situation, il offre une vision équilibrée, entre moments fraternels et joyeux comme on peut les imaginer au sein d’un tel groupe et les inévitables tensions liées à la privation de liberté. Il n’y a aucune caricature ici, Le Paradis crée des psychologies crédibles, pour les encadrants qui font de leur mieux tout étant vite limités et pour les occupants, qui ont forcément envie de casser les règles qu’on leur impose. C’est toujours subtil et loin de la caricature que je craignais un petit peu en lançant le film. Sans trop en dire sur le fin, je regrette juste qu’elle soit un petit peu trop prévisible à mon goût. J’ai été surpris jusque-là, j’aurais aimé l’être jusqu’au bout. Malgré tout, la note finale d’espoir, bien que ténu, reste positive et le spectateur peut choisir de s’y accrocher.

Informations

Année : 2023

  • Nationalités :
  • Belgique
  • France
  • Genres :
  • Drame
  • Romance

Durée : 1h23