L’Origine du mal, Sébastien Marnier
Le scénario de L’Origine du mal serait au fond fort banal si on le résumait en fin de film, mais ce n’est pas en cela que la dernière réalisation de Sébastien Marnier est intéressante. Dans ce thriller, un genre assez rare dans le cinéma français, tout l’intérêt est justement de découvrir cette histoire et de suivre le parcours de ses personnages. J’ai beaucoup aimé les choix du cinéaste, qui montre en sous-entendant, laissant le spectateur faire des jugements logiques, mais bien souvent faux. Même si ce n’est pas l’intrigue la plus originale qui soit, je l’ai trouvée fort amusante, à condition bien entendu de découvrir le film sans rien avoir lu à son sujet. Vous savez ce qui vous reste à faire si vous ne l’aviez pas encore regardé…
L’héroïne se prénomme Stéphane et elle a finalement retrouvé son père, Serge, qui a eu une aventure avec sa mère bien des années plus tôt. La joie des retrouvailles est vite interrompue quand la richesse du père est apparente : il vit désormais dans une immense maison1 sur l’île de Porquerolles et il a manifestement amassé une fortune tout aussi gigantesque que ce manoir. Sa femme et sa fille suspectent immédiatement la nouvelle arrivante d’en vouloir à son argent. On pourrait être au théâtre, mais Sébastien Marnier a ce don d’en révéler le moins possible et de faire mentir tout le monde, tout le temps. Il a trouvé pour cela l’actrice parfaite en Laure Calamy, elle est d’un naturel confondant même quand elle ment ouvertement, à tel point qu’elle parvient à faire douter jusqu’au spectateur qui connaît pourtant la vérité. Tout le casting de L’Origine du mal est parfait, il faut le reconnaître, avec une belle idée : mis à part pour Serge, incarné par Jacques Weber, il n’y a que des femmes dans ce film. Dont l’actrice québécoise Suzanne Clément, que j’avais découverte chez Xavier Dolan, et qui est parvient à jouer avec une justesse assez incroyable malgré sa présence assez rare finalement à l’écran.
Sans rien dire sur la résolution de l’intrigue, j’ai apprécié le déroulement du scénario, qui monte crescendo et s’arrête pile au moment qu’il fallait. Loin du ronron habituel d’un certain cinéma français, Sébastien Marnier a su mener son thriller pile comme il le fallait et cela fait plaisir à voir.
La même, de manière assez amusante, que celle qui a servi au tournage de Downton Abbey II : Une nouvelle ère de manière assez amusante. ↩︎