L’Ombre d’un mensonge, Bouli Lanners

L’Ombre d’un mensonge, Bouli Lanners

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Bouli Lanners n’est pas qu’un acteur, c’est aussi un réalisateur et même si je connais surtout le Belge pour son premier rôle, découvrir son dernier long-métrage m’a donné envie d’en savoir plus sur son rôle derrière les caméras. Il est des deux côtés dans L’Ombre d’un mensonge, un drame que j’imaginais belge ou du moins francophone, mais qui se déroule en réalité en Écosse et avec un casting quasiment exclusivement anglophone. L’intégralité du film se déploie d’ailleurs sur l’île de Lewis, située au large de la côte au nord ouest du pays. C’est un huis clos en ce sens, même si l’île est assez grande, mais le cinéaste choisit de ne jamais la quitter, pas même le temps d’un détour à Inverness qui est mentionnée sans rien montrer pour autant. Les décors aussi splendides que désertiques de l’île forment un personnage à part entière et la caméra de Bouli Lanners n’a aucun mal à les présenter sous leur meilleur jour. Ces tourbières à pertes de vue, l’absence totale d’arbres et les falaises abruptes sont à chaque fois aussi belles que vaguement menaçantes, comme annonciatrices d’un malheur à venir.

Au milieu de ce majestueux décor, L’Ombre d’un mensonge imagine l’histoire de Phil, un Belge interprété par Bouli Lanners qui s’est installé sur l’île depuis quelques années et qui perd la mémoire suite à un AVC. Il a tout oublié, à commencer parce qu’il fait ici, si loin de chez lui, mais aussi qui sont ses amis. Il rentre de l’hôpital, découvre un chien chez lui et n’a aucune idée si c’est son chien. Quand la fille du fermier du coin chez qui il travaille lui annonce qu’ils formaient un couple, il n’a pas d’autre choix que de la croire, même si le spectateur se doute bien que le mensonge du titre n’est pas loin. Loin d’une dramatisation exagérée, le scénario opte au contraire pour une histoire simple, composée de moments réalistes du quotidien. La caméra est statique pour capter des scènes banales, mais qui forment une histoire touchante et qui fourmille de détails et de bonnes idées. J’ai trouvé que le réalisateur parvenait en quelques plans à capter toute la psychologie de ses personnages, avec une mention spéciale pour celui incarné par Michelle Fairley. Millie est le personnage principal du film, bien plus que Phil, et l’actrice irlandaise est parfaite dans ce rôle de vieille fille réservée qui découvre l’amour sur le tard.

L’Ombre d’un mensonge est un magnifique long-métrage, à la fois par ses images écossaises — c’est indéniablement un coin du monde photogénique — que par les sentiments exprimés. Bouli Lanners compose un drame touchant et juste, une vraie réussite.

Informations

Année : 2022

  • Nationalités :
  • Belgique
  • France
  • Royaume-Uni
  • Genre :
  • Drame

Durée : 1h39