My Dear F***ing Prince, Matthew López
My Dear F***ing Prince porte peut-être le pire titre « traduit » en français de l’année — c’est d’autant plus frustrant que le titre original, Red, White & Royal Blue, aurait probablement pu être traduit sans le modifier, ou alors être conservé tel que, passons… —, mais ce n’est pas une bonne raison pour le bouder. Cette comédie romantique suit un scénario tout à fait banal et n’aurait sans doute pas autant fait parler d’elle si la romance n’était pas entre deux hommes. Et pas n’importe lesquels qui plus est : Alex est le fils de la présidente des États-Unis et Henry est un prince de la Couronne britannique. Une comédie romantique queer mélangée avec des amours interdites et des clichés en pagaille sur les deux pays anglo-saxons à la fois si proches et différents ? N’en jetez plus, le premier long-métrage réalisé par Matthew López m’intriguait suffisamment pour lancer la lecture.
Après deux heures, je peux confirmer que c’est une comédie romantique aussi banale que mignonne, ce qui n’est pas une critique d’ailleurs. Dans cette vision tristement fictive, mais résolument positive de notre société, on peut imaginer que la monarchie britannique envisage l’existence d’amours non hétérosexuelles et que le Texas puisse voter démocrate — on est quand même à la limite du ridicule —, deux hommes aussi publics et venus de mondes aussi différents peuvent s’aimer. Le scénario suit les passages obligés de la catégorie, avec deux tourtereaux que tout sépare et qui se détestent initialement, puis qui apprennent à se connaître et bientôt tombent amoureux. Matthew López n’évite aucun sujet évident, même s’il suit sans doute en cela le roman de Casey McQuiston, en évoquant les difficultés qu’il y a pour les deux garçons à reconnaître leur amour et sortir du placard. D’un côté de l’Océan, il y a une réélection en cours et la peur de tout rater à cause d’un coming-out ; de l’autre, le poids de l’histoire et de la rigidité de la tradition britannique. Je m’en voudrais de divulgâcher My Dear F***ing Prince, mais disons que le déroulé ne surprendra pas les amateurs du genre. Et je ne vais pas nier que cette vision positive ne m’a pas fait plaisir, même si cela ne veut pas dire que le film est parfait pour autant.
Au-delà du plaisir coupable de regarder une romance toute mignonne, il faut aussi reconnaître que les deux acteurs principaux perpétuent un cliché trop courant dans la représentation LGBTQ. Ces deux corps parfaits ne sont pas désagréables à regarder, je ne vais pas jouer les hypocrites et Taylor Zakhar Perez et Nicholas Galitzine parviennent à bien rendre l’alchimie entre les deux personnages, avec des scènes de sexe pudiques, mais crédibles et facétieuses1. Malgré tout, on reste sur l’image de perfection trop souvent véhiculée et un petit peu de diversité n’aurait pas fait de mal. My Dear F***ing Prince se déroule de toute manière dans un cadre totalement hors-sol, où traverser l’Atlantique est la chose la plus banale qui soit, alors peut-être que l’on ne devrait pas attendre mieux sur ce point. Et puis, je mentirais si je disais avoir passé un mauvais moment, le film de Matthew López était un divertissement fort agréable, à défaut d’être inoubliable.
Ouh, l’obélisque de Washington. Oh, la Tour Eiffel. Subtil. ↩︎