Le Monde après nous, Sam Esmail

Le Monde après nous, Sam Esmail

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La scène un petit peu ridicule avec les voitures de Tesla qui s’écrasent les unes sur les autres suite à un hack de grande ampleur a fait tant parler d’elle que je n’avais pas du tout envie de regarder Le Monde après nous, un énième film apocalyptique proposé cette fois par Netflix. J’ai toutefois changé d’avis en réalisant que Sam Esmail était derrière les caméras : Mr. Robot m’a laissé un excellent souvenir et j’étais curieux de voir ce que le cinéaste pouvait apporter à un sujet aussi banal. Après quasiment deux heures et demi, je ne regrette pas : le film est bien plus intéressant qu’il n’y paraît, avec un discours bienvenu sur l’aveuglement de nos sociétés face à l’imminence d’un danger. Sans être une réussite parfaite, j’ai apprécié ce thriller mystérieux jusqu’à la fin.

Les meilleures histoires de fin du monde sont racontées à hauteur humaine et Le Monde après nous a bien retenu la leçon. La catastrophe a lieu en arrière-plan la majorité du temps et si ce n’est pour les deux ou trois séquences impressionnantes — le bateau qui s’échoue sur la plage, l’avion qui s’écrase en bord de mer et les Tesla, bien sûr —, on reste à l’écart. Sans aller jusqu’au huis clos, Sam Esmail se concentre judicieusement sur la grande maison où se déroule l’essentiel de l’action, une maison coupée du monde suite à l’arrêt d’internet, de la télévision et de la radio. Ce dispositif empêche les personnages et les spectateurs par la même occasion de savoir ce qui se passe réellement, si ce n’est par quelques indices que j’ai d’ailleurs trouvé un petit peu trop appuyés. Le film n’avait pas besoin d’afficher ces informations sur le téléviseur ou ces mots par la radio, d’autant que c’est un petit peu gros qu’il n’y ait aucun personnage pour les entendre et je suis même persuadé qu’il aurait été meilleur sans. On n’a pas besoin de savoir que la situation est catastrophique, on le devine amplement avec ce qui transparaît depuis la maison.

Sam Esmail est meilleur quand il glisse des indices qui ne sont pas explicités, à l’image de ces rassemblements de cerfs. On ne sait pas exactement pourquoi ces animaux viennent tous près de la maison, on comprend toutefois qu’il s’agit comme un avertissement de la nature et peut-être une métaphore du dérèglement climatique causé par l’homme. Le plastique sur la plage quelques scènes plus tôt allaient déjà dans ce sens et le fait que la petite fille soit la seule à voir les cerfs renforce encore cette idée. Si Le Monde après nous évoque explicitement une fin de monde à base de hack à grande échelle, on peut aussi le lire comme une dénonciation de notre aveuglement face une fin du monde provoquée par nous-mêmes. D’autant plus quand les personnages sont tous riches et ultra-préparés, un écho particulièrement saisissant de notre réalité. Avec ce message, pas le plus original qui soit certes, j’ai trouvé que le long-métrage sortait de la routine post-apocalyptique. Loin de signer un film d’action bourrin et décérébré de plus, Sam Esmail prend son temps pour poser un récit mystérieux et pas si bête.

Informations

Titre original : Leave the World Behind

Année : 2023

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Drame
  • Mystère
  • Thriller
  • Science-Fiction

Durée : 2h21