
Mickey 17, Bong Joon-ho
Six ans après l’excellent Parasites, Bong Joon-ho revient aux États-Unis avec une étonnante comédie de science-fiction. Mickey 17 est à la fois une relecture d’une thématique assez classique du genre, avec une intrigue qui se construit autour du clonage d’un individu et de toutes les conséquences que cela peut avoir, tout en la dynamitant avec une vision aussi caustique que politique. C’est très bizarre, c’est voulu, et c’est une critique assez acerbe de nos sociétés avec un milliardaire qui semble combiner le pire d’Elon Musk avec une bonne dose de Donald Trump. Tout n’est pas forcément aussi réussi, mais j’ai trouvé l’expérience très plaisante et le cinéaste sud-coréen a un don pour tirer des concepts à leur paroxysme, sans craindre l’absurde.
Inspiré d’un roman d’Edward Ashton, Mickey 17 imagine une société très proche de la nôtre, avec quelques avancées qui permettent de coloniser d’autres planètes et surtout de cloner les humains. Suite à des expérimentations ratées, le clonage a été interdit sur Terre, mais pas dans l’espace et c’est ainsi que Mickey, pressé de quitter la planète pour échapper à un mafieux à qui il doit de l’argent, signe un contrat pour devenir « remplaçable ». Un employé cloné avant le départ, qui peut mourir et être imprimé à chaque fois, tous ses souvenirs étant transférés d’un clone au suivant pour qu’il reste la même personne. Toutes les questions presque philosophiques sur ce qui fait l’identité arrivent fatalement quand Mickey 17, notre héros, ne meurt pas contre toute attente et découvre qu’il existe aussi un Mickey 18, très différent de lui. Saluons la performance de Robert Pattinson, dont le talent n’est plus à prouver et qui démontre ici de belles aptitudes à jouer le même personnage de plusieurs manières, ce qui doit être un des meilleurs défis pour un acteur. Tout le casting est excellent, j’ai beaucoup aimé le duo Toni Collette et Mark Ruffalo, ils sont parfaits dans leurs rôles de milliardaires fous (de sauce). La satire n’est jamais subtile, ce n’est pas l’effet recherché et dans le genre outrancier, c’est réussi. Ça m’a rappelé le travail des Monty Python, y compris pour les créatures toute mignonnes qui sont une vraies réussites du projet.