Mars Express, Jérémie Périn
La science-fiction est un genre rare dans le cinéma français, la science-fiction animée encore plus. Ajoutez à cela une critique dithyrambique lors de sa sortie et j’avais naturellement gardé dans un coin de ma tête l’idée de regarder Mars Express. Peut-être que j’en attendais aussi trop par la même occasion ? Si le premier long-métrage de Jérémie Périn ne manque pas de qualités, je ne l’ai pas trouvé aussi excellent que je l’imaginais. La faute en partie à un casting hélas bien français, la faute aussi plus fondamentalement à un univers pas très original et dont les inspirations m’ont semblé un petit peu trop évidentes, au point de générer un petit côté déjà-vu par endroits.
L’intrigue se déroule en 2200, à une époque où l’humanité a réalisé le rêve d’Elon Musk en colonisant Mars et en se faisant accompagner de robots intelligents, un autre rêve du milliardaire. Mars Express suit l’enquête de deux détectives privés, dont un « Sauvegardé », Carlos, mort quelques années auparavant et dont la conscience a été stockée dans un robot. Avec Aline, ils enquêtent sur une disparition et découvrent petit à petit une conspiration qui vise tous les robots… je n’en dirai pas plus pour ne rien divulgâcher, mais enfin, tout amateur de SF tirera vite ses propres conclusions. Même si j’ai apprécié la petite pointe de surprise finale que je ne révélerai pas davantage, cela reste mineur face à une intrigue et un univers qui ne manquent pas de rappeler des souvenirs. Le réalisateur ne s’en cache pas et cite volontiers 2001, Odyssée de l’espace (les vaisseaux sont un hommage évident), Terminator (un robot qui sort une lame de son bras…), RoboCop (les flics robotisés, forcément) ou encore Ghost in the Shell (toute la séquence au début de fuite dans la ville), j’ajouterais Blade Runner pour le côté film noir. Si toutes ces références sont excellentes, je ne dis pas le contraire, j’ai trouvé que l’univers perdait en originalité et ces clins d’œil m’ont régulièrement sorti du film. Le pire en la matière néanmoins, c’est le jeu de voix des acteurs : mis à part Léa Drucker qui s’en sort très bien, on est un quasiment toujours dans une diction théâtrale que l’on entend trop souvent en France. Mathieu Amalric, en particulier, n’était pas du tout dans le rôle pour moi.
Mars Express s’en sort mieux sur le plan technique, avec une animation convaincante et une bande-originale très réussie. Tout n’est pas à jeter et j’ai même passé un bon moment, d’autant que le film est assez court et bien rythmé. J’en attendais malgré tout davantage, notamment une intrigue plus creusée, un univers de SF plus original et aussi des personnages plus complexes sur le plan psychologique. En l’état, je suis resté sur ma faim.