Mademoiselle, Park Chan-wook

Mademoiselle, Park Chan-wook

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Mademoiselle est l’adaptation d’un roman britannique, mais cela ne se voit pas du tout. Il faut dire que Park Chan-wook l’a entièrement adapté à un contexte différent, puisque le cinéaste coréen rapatrie l’histoire dans son pays, en l’intégrant dans le contexte de la colonisation japonaise de la Corée. On pouvait faire confiance au créateur d’Old Boy pour proposer une vision personnelle de cette histoire d’arnaques sur fond d’amour lesbien. De fait, on retrouve son goût pour la mise en scène sophistiquée, ainsi que pour la narration déconstruite, avec une intrigue qui se déploie progressivement et par couche. Son goût pour la violence frontale est encore là, même si ce n’est pas autant le sujet et Mademoiselle surprend par son ton plus léger.

Je ne veux pas détailler tout le scénario à tiroir et ses multiples rebondissements, une bonne partie du plaisir du film vient justement de la découverte successive des arnaques imbriquées. Park Chan-wook s’amuse avec ces personnages qui mentent constamment pour leur propre intérêt et c’est assez amusant à voir aussi. Mademoiselle n’est pas une comédie pour autant, mais j’ai trouvé ce ton bienvenu, d’autant qu’il vient casser une noirceur bel et bien présente. L’histoire se déroule sur fond de colonisation japonaise, avec tout le mépris que l’on peut imaginer pour une servante coréenne, mais aussi à une époque où les femmes pouvaient être traitées sans crainte comme des objets sexuels. Soumission féminine, viol quasiment encouragé et sévices corporels dès le plus jeune âge : le portrait des hommes n’est pas très reluisant et Mademoiselle se mue en œuvre féministe en se concentrant sur l’histoire d’amour entre maîtresse et servante. C’est un accident de parcours, les deux femmes devaient s’arnaquer mutuellement, mais elles tombent amoureuses et le Park Chan-wook prend le temps de filmer leur relation. Le réalisateur n’hésite pas à donner dans l’érotisme, mais sans tomber dans le voyeurisme et leur histoire d’amour devient le plus gros point fort du film. Mention spéciale au passage pour les deux actrices, Kim Min-hee et Kim Tae-ri, toutes deux excellentes.

Informations

Titre original : 아가씨

Année : 2016

  • Nationalité :
  • Corée du Sud
  • Genres :
  • Thriller
  • Drame
  • Romance

Durée : 2h25