The Lighthouse, Robert Eggers
Un phare paumé sur une petite île au milieu de nulle part, deux hommes et quelques mouettes, un cadre quasiment carré et une image en noir et blanc : The Lighthouse impose sa radicalité dès les premiers instants. Robert Eggers voulait un huis clos entre deux acteurs enfermés dans leur phare comme ils sont enfermés dans son film étriqué. Le noir et blanc contrasté et sublime apporte une ambiance particulière, un élément clé du long-métrage qui ne repose pas réellement sur une intrigue complexe, mais bien plus sur les évolutions de ses deux personnages. Sans surprise, les acteurs sont au cœur de tout et essentiels : tant Willem Dafoe que Robert Pattinson sont époustouflants dans le projet et ils donnent tout de leur personne, quitte à se recouvrir littéralement de merde. Mais est-ce qu’un beau cadre et une prestation éblouissante suffisent à faire un bon film ?
Chacun pourra en juger, mais je suis circonspect. Au fond, The Lighthouse n’est pas bien original, avec son récit de plongée au cœur de la folie et je ne peux pas dire que j’ai été particulièrement surpris par le parcours des deux personnages. Quant aux métaphores sexuelles et allusions mythologiques, je les ai trouvées bien trop appuyées par endroit. Robert Eggers cite volontiers Freud et Jung en guise d’inspiration et le résultat ressemble parfois à une version illustrée « pour les nuls ». Le phare comme symbole phallique, c’était attendu et quasiment explicite ici — il paraît qu’une scène était prévue pour faire le lien entre le phare dressé sur l’île et le pénis de Robert Pattinson tout aussi droit, mais elle a été coupée au montage, hélas —, tout comme la relation père/fils qui s’instaure. Non pas que le cinéaste devait absolument proposer une œuvre originale, mais cela ressemble beaucoup à démonstration technique ou une expérience sans réel but. Quand la dernière image horrifique de The Lighthouse s’est effacée, ma première réaction a été : oui, et ?