Last Night in Soho, Edgar Wright
Edgar Wright n’est pas tout à fait connu pour faire dans la dentelle et il l’a prouvé encore une fois avec Last Night in Soho. J’étais plutôt client de ses précédentes créations, mais je dois dire que celle-ci l’a laissé bien plus indifférent. La faute, je crois, au matraquage de fantastique qui manque cruellement de subtilité, alors même que le cinéaste tenait une bonne idée qui aurait pu donner un excellent film s’il avait fait preuve d’un petit peu de légèreté dans la narration. Tout n’est pas à jeter pourtant, la reconstitution du Londres des années 1960 est épatante et le casting est excellent, avec notamment un jeu symétrique remarquablement exécuté entre les deux actrices, Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy. L’ensemble n’est ainsi pas déplaisant et le début est même bien, mais cela se gâte au fil du temps et j’ai trouvé la fin assez laborieuse.
La différence entre les deux, c’est justement la part de fantastique qui va grandissante et qui, à mes yeux, ne fonctionne jamais. L’idée de proposer une histoire de fantômes est intrigante, mais c’était une erreur ici. Last Night in Soho aurait été bien plus intéressant s’il était resté ancré dans le réel, avec les rêves d’Ellie pour faire le pont avec le passé. Cette idée fonctionne pleinement et aurait pu suffire jusqu’au bout, avec le même twist final qui est bien amené à défaut d’être particulièrement original. Pourquoi aller sur le terrain du fantastique en faisant intervenir les fantômes dans la réalité d’Ellie et en mélangeant les époques ? Je ne vois pas ce que cela apporte, si ce n’est une narration bien lourde et des effets spéciaux qui manquent eux aussi de subtilité. Dommage.