Indiana Jones et le Cadran de la destinée, James Mangold
Pour le quatrième1 et dernier volet de la saga Indiana Jones, Steven Spielberg n’est plus derrière la caméra et George Lucas n’a pas écrit le scénario. Si je n’avais pas eu le malheur de regarder l’affreux Royaume de cristal, j’aurais pu penser que c’était le signe d’une catastrophe et d’une trahison probable de l’esprit original. Sachant ce que le duo a pu proposer, j’ai regardé Indiana Jones et le Cadran de la destinée avec un esprit plus ouvert et en partie rassuré par le choix de James Mangold qui m’avait bluffé avec Logan. De fait, ce long-métrage est une bonne surprise qui offre une belle fin à la saga et au personnage interprété par Harrisson Ford. Ce n’est pas un grand film et il ne faut pas compter sur lui pour bouleverser le Septième art, il n’en a pas les ambitions. J’ai apprécié ce retour aux sources qui n’est pas qu’un hommage à l’ancien temps en mode bêtement nostalgique, puisqu’il dépoussière la formule en tenant notamment compte de l’âge de l’acteur principal.
La séquence d’ouverture semble tout droit sortie des années 1980. On retrouve un Harrison Ford remarquablement rajeuni — la technique a fait un tel progrès, c’est vraiment bluffant et le résultat n’a plus rien à voir avec l’horreur de The Irishman, même si c’est la même idée — dans un château rempli de Nazis, à courir après des reliques archéologiques. L’hommage est évident, y compris dans la manière de filmer et on voit bien que James Mangold a voulu célébrer le passé avant de présenter sa propre version. Même si c’est techniquement bien fichu, Indiana Jones et le Cadran de la destinée ne reste fort heureusement pas coincé dans son passé et l’intrigue principale se déroule en 1969, alors que le héros a pris de l’âge et s’apprête à prendre sa retraite. Plus besoin de vieillir Harrison Ford, l’acteur peut interpréter un personnage de son âge et il est parfaitement à l’aise dans ce rôle de vieil Indy. S’il peut encore se battre et réalise quelques cascades, il le fait avec difficultés et en se plaignant comme un vieil homme de son corps douloureux. Une bonne idée du scénario est de l’associer à une femme bien plus jeune qui crée un contraste et évite au film de rester trop englué dans le passé. Je ne m’attendais pas du tout à retrouver Phoebe Waller-Bridge dans ce rôle et c’est sans doute la meilleure idée du projet. L’actrice ajoute sa touche personnelle avec son humour bien à elle et elle complémente remarquablement Harrison Ford, dans ce qui s’avère être un duo aussi inattendu que réussi.
Pour le reste, le scénario n’essaie pas d’inventer des pistes farfelues à base d’extra-terrestre, on revient à l’archéologie traditionnelle construite ici autour de la Machine d’Anticythère, un appareil qui existe réellement. Son rôle exact est évidemment romancé et ce n’est d’ailleurs pas le meilleur aspect du film, avec cette idée du voyage temporel appliquée aux Nazis qui est plus amusante en principe qu’en réalité. Cela ne m’a gêné outre-mesure toutefois, peut-être parce que cela n’arrive qu’à la toute fin et qu’Indiana Jones et le Cadran de la destinée a bien plus à offrir. La course-poursuite pour retrouver l’artefact est amusante et ponctuée de clins d’œil au passé, sans tomber dans la répétition, notamment grâce aux personnages secondaires plus proéminents. En somme, c’était un adieu réussi à Indiana Jones et un bon moment de cinéma, divertissant et bien mené, une belle surprise quand on pense à ce que la saga avait pu offrir auparavant.
Si. ↩︎