Incroyable mais vrai, Quentin Dupieux
Quentin Dupieux ne déçoit jamais. Résolument à part, le cinéaste continue de proposer des expériences cinématographiques qui ne ressemblent à aucune autre et il le prouve encore une fois avec Incroyable mais vrai. Cette comédie, au nom si bien trouvé, mérite d’être vue en ne connaissant absolument rien à son sujet alors si vous ne l’avez pas regardée et que l’absurde ne vous effraie pas, cessez votre lecture et foncez voir le long-métrage. Qui, avec son heure et quart au compteur, est d’ailleurs agréablement court par rapport à la longueur moyenne toujours croissante des productions actuelles.
Tout le plaisir d’Incroyable mais vrai tient en effet dans le suspense. Celui qu’entretient malicieusement l’agent immobilier qui fait visiter à Alain et Marie une grande maison dans la banlieue parisienne. Le couple a beau vivre seul sans enfants, ils sont sous le charme de la demeure et n’hésitent pas à suivre l’agent quand il leur promet le clou du spectacle sous la forme d’un… trou dans la cave. Il refuse alors d’expliquer où il mène et par la suite retarde les explications, comme Quentin Dupieux le fait avec un montage qui reste toutefois largement linéaire. Et comme il sait si bien le faire, son œuvre bascule brutalement dans une forme de fantastique, sans jamais perdre de vue le réalisme. Le spectateur reste constamment dans cet entre deux et ne sait jamais trop sur quel pied danser. C’est toute la force du projet, qui se concrétise brillamment lors d’un repas avec un autre couple d’amis où la conversation bascule sans prévenir dans une nouvelle dose d’absurde et de fantastique. Je préfère ne pas trop en dire et de toute manière, ce ne sont pas tant les idées déployées par Incroyable mais vrai qui sont intéressantes, mais bien plus la manière dont elles sont annoncées.
Dans ce genre de l’absurde, tout est question d’interprétation et les acteurs ont un rôle encore plus important pour que l’intrigue fonctionne correctement. Quentin Dupieux sait toujours bien s’entourer et c’est un carton plein ici. Alain Chabat, un habitué, est évidemment incroyable dans ce registre, mais c’est aussi vrai de tous ceux qui l’entourent. Léa Drucker est bluffante pour incarner sa femme complexée jusqu’à la folie par son âge, tandis que Benoît Magimel est incroyable dans le rôle du patron sexiste complexé par les caractéristiques de son engin. Il n’y a aucune fausse note et c’est grâce à eux que, Incroyable mais vrai, peut pleinement fonctionner en dépit de son sujet absurde.