Illusions perdues, Xavier Giannoli

Illusions perdues, Xavier Giannoli

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Adapter du Balzac, voilà qui n’est pas l’idée la plus originale qui soit. Xavier Giannoli compose un film d’époque en costume assez classique sur la forme, mais il parvient malgré tout à transmettre un message hélas bien trop moderne. Sa représentation de la presse corrompue et de la montée en puissance de la bourgeoisie qui commence à mettre la main sur la publicité et ainsi sur la principale source de revenus de cette presse, fait froid dans le dos tant elle trouve des échos avec l’actualité. C’était manifestement le principal élément que le réalisateur a retenu du roman et Illusions perdues est à cet égard très convaincant. Sans écarter entièrement les histoires d’amours de Lucien de Rubempré, il se concentre sur ce discours politique et c’est à mon sens l’élément le plus réussi de son adaptation.

Le long-métrage dure près de 2h30, ce qui lui permet de prendre son temps pour poser tous les personnages et la situation, même si ce n’est pas suffisant pour conserver toute la richesse du texte original. D’ailleurs, Xavier Giannoli ne conserve que sa vie à Paris, après une brève introduction à Angoulême et avant une encore plus brève conclusion sur son retour. Illusions Perdues oublie par ailleurs tout un pan du roman, puisqu’il n’est jamais question du Cénacle, cercle de jeunes intellectuels parisiens où Lucien débute dans la version de Balzac. Le réalisateur privilégie la vie de journaliste du héros, en se focalisant sur les critiques du roman contre le milieu de la presse. La manière dont le milieu de la culture paie pour ses propres critiques, négatives autant que positives, pour essayer de construire une polémique et vendre, que ce soit des livres ou des places de théâtre, est parfaitement déconstruite par l’adaptation. La puissance des journalistes à cette époque de la Restauration où la presse libre pouvait se faire une vraie place au soleil, est aussi bien démontrée. Comme je le disais, la modernité de la critique est assez troublante et c’est certainement ce qui a attiré le cinéaste.

Illusions perdues ne fonctionnerait pas sans un casting à la hauteur du texte adapté. Benjamin Voisin, déjà croisé dans Été 85, manque de naturel dans son jeu un peu trop monolithique, mais heureusement que les acteurs autour de lui sont meilleurs. Mention spéciale à Vincent Lacoste, qui continue d’être épatant dans tous ses rôles et qui incarne ici un Étienne Lousteau tout simplement parfait. Je ne m’attendais pas à retrouver Xavier Dolan dans le film, mais sans surprise, le Canadien est lui aussi juste et excellent.

Informations

Année : 2021

  • Nationalités :
  • Belgique
  • France
  • Genres :
  • Drame
  • Romance

Durée : 2h00