I Am Greta, Nathan Grossman

I Am Greta, Nathan Grossman

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Nathan Grossman a commencé très tôt à filmer Greta Thunberg, quand elle n’était encore qu’une collégienne à faire grève de l’école toute seule et toute la journée devant le parlement suédois pour réclamer une réaction face au réchauffement climatique. Le réalisateur pouvait alors difficilement imaginer l’ampleur que le phénomène allait prendre, ni qu’il se lançait sur un documentaire de longue durée. I Am Greta suit sur une année le parcours extraordinaire de celle qui a réussi à replacer le réchauffement climatique au cœur des débats, même si cela n’a pas été pérenne. Un film qui ne vous apprendra sans doute rien, mais ce n’est pas son objectif et ce qu’il montre, le quotidien d’une jeune fille qui a tout sacrifié pour tenter de sauver la planète, est aussi touchant que déchirant.

Touchant, car le réalisateur parvient bien à transmettre ce que ressent Greta, une jeune collégienne sur le spectre autistique qui n’a jamais été à l’aise pour s’exprimer en public, qui a même refusé de parler à quiconque sauf sa famille proche pendant des mois, et qui se retrouve brutalement face aux caméras du monde entier. Elle doit constamment se faire violence, sortir du confort de sa routine pour porter son message et affronter l’hostilité générale. Outre son courage, c’est la violence des réactions qui frappe dans I Am Greta, même si Nathan Grossman choisit de ne pas trop se concentrer dessus. Face à cette adolescente qui se contente de rappeler un fait scientifique, l’ignorance crasse répond soit avec des sourires amusés, soit avec des menaces de mort. Le pire étant peut-être tous ces politiques, le plus souvent masculins, blancs et vieux, qui s’amusent de cette jeune messagère et se contentent de promesses dans le vide — Emmanuel Macron est remarquable à ce petit jeu —, soit répondent de façon insultante : la séquence avec Jean-Claude Junker est à cet égard d’une violence incroyable. Et que dire de ces journalistes qui se moquent de sa jeunesse, de ses vêtements « quelconques », de ses tresses… un ramassis de clichés qui, cumulés dans ce documentaire, font bouillir.

Face à cette adversité, Greta Thunberg ne recule pas, elle ne s’énerve même pas, mais reste courageuse, motivée et concentrée sur son message. Même si le documentaire n’exclue pas les séquences de doute et les pleurs en pensant à sa famille et ses deux chiens restés en Suède. I Am Greta parvient ainsi à toucher, surtout quand on pense aux deux parents et à la terreur permanente qu’ils ont dû connaître, l’apothéose étant sans doute cette traversée de l’Atlantique sur un voilier de course, une épreuve particulièrement bien transmise à l’écran. Le père de l’adolescente, toujours présent pour l’aider, mais jamais en travers de son chemin, est une présence constante et discrète, mais essentielle, que le cinéaste a bien gardé à l’esprit. Touchant aussi, le message d’espoir final avec ces millions de jeunes qui ont défilé dans les rues et que le film célèbre fort justement. Déchirant quand on pense que la pandémie a tout balayé et relégué le réchauffement climatique loin derrière d’autres problèmes plus immédiats, mais qui ont aussi servi d’excuse pour tout enterrer.

I Am Greta est sorti en 2020, il a été monté et finalisé alors que la pandémie avait commencé. Quelle angoisse de penser à l’état mental de Greta Thunberg face à l’inaction générale et le retour à la normale qui s’est imposé dès que le virus a moins circulé. Comment garder encore l’espoir de changer les choses et ne pas tomber dans le désespoir pur ? Déchirant.

Informations

Titre original : Greta

Année : 2020

  • Nationalités :
  • Allemagne
  • Suède
  • Genre :
  • Documentaire

Durée : 1h37