Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés, Rian Johnson
À couteaux tirés a été une telle réussite que Rian Johnson a obtenu l’opportunité d’étendre l’univers qu’il avait imaginé de toutes pièces pour ce film. Un univers fortement inspiré par l’œuvre d’Agatha Christie et quelques autres détectives célèbres, certes, mais original malgré tout et qui devient une sorte de saga. Netflix a récupéré le projet et Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés devient le deuxième volet d’une série de films, sachant que le troisième est d’ores et déjà en route. Un choix intéressant et un petit peu dangereux : le fragile équilibre du premier long-métrage peut-il être maintenu sur deux, voire trois réalisations ? Avant de voir ce que Rian Johnson nous réserve, cette première suite est rassurante, avec une nouvelle enquête rondement menée et aussi délicieuse que la précédente.
Seul Benoit Blanc, ce détective incarné par un Daniel Craig qui semble plus à l’aise avec son fort accent sudiste, est resté entre les deux projets. Pour le reste, le cinéaste a fait table rase du passé, avec un casting entièrement renouvelé et une toute nouvelle intrigue. Pour autant, il a choisi de ne pas trop s’éloigner d’une formule qui a porté ses fruits. Dans les grandes lignes, c’est au fond quasiment la même histoire : un riche entouré de pique-assiettes qui auraient tous une bonne raison de le tuer. Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés ne se contente toutefois pas de reproduire une formule en la déplaçant dans un autre cadre, en l’occurrence une île grecque. Son scénario évolue dans les mêmes zones, mais renouvelle suffisamment d’éléments pour éviter la redite et je n’ai pas trouvé qu’on répétait le précédent. Je ne vais rien révéler de cette nouvelle enquête pour savoir qui a tué un mort, ce serait enlever tout le fun au projet, même si le plus important n’est pas l’identité du tueur, au fond assez évidente, mais bien comment Benoit Blanc parvient à l’identifier. Sur ce point, Rian Johnson s’amuse comme un fou avec des indices savamment distillés tout au long du film, mais dont le rôle n’est pas évident avant parfois la toute fin de l’histoire. Il parvient par ailleurs à éviter le piège de la résolution trop facile, quand un détective semble tout deviner par miracle, ce dont il se moque d’ailleurs au détour d’une fausse enquête écartée d’un tour de main. Tout est au contrairement parfaitement clair et expliqué, avec un flashback qui, une fois n’est pas coutume, n’est pas désagréable. Au contraire, il survient à un moment du long-métrage où le rythme baisse un petit peu et où l’ennui pourrait commencer à poindre. Malin, le réalisateur relance l’intérêt des spectateurs avec ce retour dans le passé qui apporte un tout éclairage et propulse l’enquête sur un terrain totalement différent.
J’ai du mal à savoir si les aventures de Benoit Blanc pourraient réellement tenir la distance sur beaucoup plus de projets. Néanmoins, Rian Johnson a bien prouvé que le premier film n’était pas qu’un simple accident de parcours et qu’il avait encore de quoi offrir avec ce personnage. Cette interprétation moderne du genre fonctionne pour de bon et j’ai maintenant hâte de voir ce qu’il compte nous proposer.