Le Garçon et le héron, Hayao Miyazaki

Le Garçon et le héron, Hayao Miyazaki

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Cette fois, c’est sûr, ce sera son dernier long-métrage ! Hayao Miyazaki a déjà annoncé tant de fois qu’il prenait sa retraite qu’on a du mal à le prendre au sérieux et pourtant, Le Garçon et le héron est peut-être le film qui correspond le mieux à un au revoir artistique. Plus encore que Le vent se lève qui est sorti dix ans avant (le coup de vieux…), ce long-métrage semble condenser toute la carrière du cinéaste japonais en une seule œuvre d’une rare densité, parfois aussi un petit peu obscure il est vrai, mais toujours magnifique et touchante. Est-ce sa manière de passer le flambeau à ses successeurs, comme le grand-oncle de l’histoire essaie de le faire ? Alors que le maître de l’animation japonaise fêtera bientôt ses 84 ans, il n’aura sans doute pas le choix cette fois que de prendre sa retraite pour de bon. Cet ultime film est une bonne manière de terminer une carrière aussi impressionnante, comme un hommage à tout ce qui précède et avec la promesse de construire un nouvel univers pour que le studio Ghibli puisse, pour de bon cette fois, tourner la page Miyazaki.

Le Garçon et le héron semble condenser toutes les histoires précédentes : on pense ici au Voyage de Chihiro, là au Château Ambulant ou bien ailleurs au Château dans le ciel. Pourtant, ce scénario n’est pas une création originale du réalisateur, il adapte deux romans tout en injectant sa touche personnelle avec des éléments piochés dans sa propre vie. Le début est en tout cas un classique, presque un cliché : la Seconde guerre mondiale fait rage à Tokyo et tue la mère de Mahito dans l’incendie d’un hôpital. Son père épouse alors sa belle-sœur et part chez elle, dans la campagne, loin de la ville, loin de la guerre et dans un monde fantastique. Comme toujours chez Hayao Miyazaki, le surnaturel débarque dans le quotidien par petites touches, ici un héron qui parle et qui révèle une étonnante dentition. L’influence européenne est aussi flagrante avec ce vieux manoir à l’abandon qui est au cœur de l’intrigue en se révélant être la porte vers un autre monde. Une fois que l’on passe de l’autre côté, on découvre un univers à la richesse incroyable, je dirais même qu’un tel foisonnement d’idées est souvent déstabilisant. Il y en a tant à la minute qu’il faut accepter de mettre de côté tout esprit trop critique. Que représentent les perruches qui prennent le pouvoir ? J’imagine qu’il s’agit de l’Empire japonais, mais le scénario ne permet pas d’en avoir la certitude et surtout, il n’en fait pas un élément déterminant. Bien au contraire, Le Garçon et le héron demande au spectateur de se laisser porter et de ne pas chercher à tout analyser. C’est assez perturbant par moment, ce qui en veut pas dire que c’est un défaut pour autant. J’ai trouvé cet ensemble à la fois familier et novateur très réussi, avec la surprise bienvenue du voyage temporel qui s’immisce dans le cours du récit.

Porté par la musique du fidèle Joe Hisaishi, toujours aussi efficace sans trop en faire, ce long-métrage mérite ainsi le détour. Le Garçon et le héron est sans doute plus mature que la moyenne des productions Ghibli et même si les enfants peuvent l’apprécier tout autant, mieux vaut éviter de le montrer aux plus jeunes qui auront sans doute du mal à dépasser le côté horrifique qui est bien présent et assez frontal. À partir d’un âge approprié, tous les spectateurs pourront apprécier le spectacle magnifié par un dessin et une animation toujours aussi perfectionnées, tandis que l’absence de message toujours explicite pourra même avantager les moins adultes.

Informations

Titre original : 君たちはどう生きるか

Année : 2023

  • Nationalité :
  • Japon
  • Genres :
  • Animation
  • Aventure
  • Fantastique
  • Familial
  • Drame

Durée : 2h04