Flow, Gints Zilbalodis

Flow, Gints Zilbalodis

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Flow est techniquement un film muet, ce qui ne veut pas dire qu’il est silencieux. Pour son deuxième long-métrage, le cinéaste letton Gints Zilbalodis fait de nouveau appel à de l’animation sans aucune parole, ce qui est d’autant plus impressionnant que ses personnages sont des animaux et on sait combien le cinéma aime faire parler les animaux animés. Rien de tel ici, les personnages sont des animaux qui se comportent comme tels, à une ou deux petites exceptions près1 qui ne sont jamais trop grosses pour casser l’illusion. On sent que les animateurs ont étudié de près les animaux qu’ils représentaient, voire qu’ils vivaient avec, tant les mouvements, comportements et sons, enregistrés auprès de vrais spécimens, sont crédibles. Les déplacements du chat qui fait office de héros sont en particulier très réussis et le voir sauter d’un élément à l’autre puis s’allonger au soleil dans les premières minutes m’a rappelé le soin du détail de Stray, une excellente chose. Malgré ce choix assez radical, Flow est un film riche et passionnant à suivre, avec une véritable histoire, de multiples péripéties et des enjeux qui sont toujours parfaitement rendus. Gints Zilbalodis prouve bien que les paroles ne sont pas nécessaires et que l’on peut déployer un récit rien qu’avec des images et du son.

Sur le plan technique, la réalisation entièrement effectuée en Europe et surtout avec le logiciel libre et gratuit Blender a beaucoup fait parler d’elle. Logiquement, tout ce contexte disparaît à l’image et le spectateur est immergé dès le départ dans un univers au style bien marqué, loin du réalisme d’un Pixar, plus proche dans l’esprit d’une peinture. C’est amusant de constater que c’est quasiment la même idée que pour Le Robot sauvage sorti la même année et qui partage aussi une thématique assez similaire. Flow n’est pas aussi soigné sur le plan technique et on voit bien que les animateurs n’ont pas cherché à gérer les fourrures des animaux, par exemple. Ce n’est nullement gênant, car encore une fois, l’histoire prend les devants. J’ai beaucoup aimé ce récit qui doit se contenter de montrer sans dire et qui en ressort beaucoup plus fort justement grâce à ces allusions. On comprend bien assez, la hausse des eaux, la disparition des humains, les hauteurs de l’Himalaya : Flow raconte une dystopie post-apocalyptique sans le dire pleinement, mais en laissant de multiples indices. Par exemple, ces grandes créatures marines qui ressemblent de loin à des baleines et de près à un mélange intrigant qui laisse envisager que ce monde a dérivé par rapport au nôtre. J’ai particulièrement apprécié la petite touche de fantastique qui survient à un moment donné, elle était inattendue et bienvenue.

Le succès de Flow n’est pas démérité : ce film d’animation est à la fois simple et complexe, son histoire de famille choisie est touchante et sa bande-originale, composée en partie par Gints Zilbalodis lui-même, est excellente. Il n’y a vraiment rien à jeter et je le recommande sans hésiter.


  1. Comment ces animaux ont appris à manœuvrer la barre d’un bateau, voilà bien un mystère qui n’est jamais résolu. ↩︎

Informations

Année : 2024

  • Nationalités :
  • Lettonie
  • Belgique
  • France
  • Genres :
  • Animation
  • Aventure
  • Fantastique
  • Familial

Durée : 1h25