Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs, John Francis Daley et Jonathan Goldstein

Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs, John Francis Daley et Jonathan Goldstein

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Que Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs ne soit pas un échec complet et honteux tient déjà quasiment du miracle. Le projet a été lancé dix ans avant sa sortie, courant 2013, après l’échec cuisant d’une trilogie basée sur le même jeu de plateau. L’idée d’un reboot naît au milieu d’un procès entre Hasbro, qui détient les droits du jeu, et les géants du cinéma qui se battent pour les droits sur l’adaptation. Si cela ne suffisait pas, il y a eu plusieurs itérations côté écriture et direction, la recette idéale pour un résultat désastreux. Et pourtant, le blockbuster qui en ressort n’est pas un désastre. Entendons-nous bien, ce n’est pas un chef-d’œuvre non plus, mais il n’en a pas l’ambition. C’est à mon sens ce qui sauve le film d’ailleurs : John Francis Daley et Jonathan Goldstein ne se prennent pas trop au sérieux et racontent leur histoire de casse avec suffisamment de modestie et une bonne dose d’humour pour que le spectacle soit plaisant d’un bout à l’autre.

L’univers de Donjons & Dragons était peut-être original quand le jeu de plateau a été publié pour la première fois, au cœur des années 1970, mais cinquante ans après, on le connaît comme notre poche. Impossible de ne pas penser aux classiques du genre, Le Seigneur des Anneaux en tête, quand on découvre cette nouvelle adaptation. Au lieu d’essayer de s’en éloigner au maximum, et probablement d’échouer, les deux réalisateurs en font un hommage et multiplient les clins d’œil, de la Comté aux grottes de la Moria. C’est peut-être un poil gros par endroits, mais enfin, cette énième variante d’un monde d’heroïc-fantasy est au moins correctement mis en œuvre, avec des décors variés et des effets spéciaux qui n’essaient pas d’en faire trop pour leur propre bien. Sur le plan technique, l’ensemble tient globalement la route, à quelques détails près. L’histoire elle-même n’a rien d’original, mais ce n’est pas le but, et j’ai apprécié qu’on évite les longues introductions. Inutile de présenter l’univers, c’est l’avantage d’avoir un public qui le connaît probablement assez bien, et même les personnages sont introduits de façon subtile pour une fois, même si on ne les connaît pas encore. Une bonne idée, d’autant que Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs tente la carte de la modernité. Ne nous énervons pas, la diversité sexuelle reste inexistante et même sur le plan racial, les teintes de peau restant sagement du côté le plus clair du spectre. Il faut malgré tout saluer l’inversion des archétypes, avec le personnage de Chris Pine qui est physiquement plus faible et en retrait, et celui de Michelle Rodriguez en mode gros bras au cœur de l’action.

Pendant un petit peu plus de deux heures, John Francis Daley et Jonathan Goldstein déploient leur histoire avec facilité et un plaisir évident et assez communicatif, je dois le reconnaître. Les blagues et gags ne gagneront aucun concours d’originalité, ce qui ne veut pas dire qu’elles ne fonctionnent pas. Cette bonne dose d’humour permet de désamorcer les situations par ailleurs complètement irréalistes et l’ensemble évite ainsi de tomber dans un premier degré ridicule. Bref, sans être un grand film, j’ai passé un bon moment devant Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs et je n’en attendais pas autant.

Informations

Titre original : Dungeons & Dragons: Honor Among Thieves

Année : 2023

  • Nationalités :
  • Canada
  • États-Unis
  • Genres :
  • Aventure
  • Fantastique
  • Comédie

Durée : 2h14