Doi Boy, Nontawat Numbenchapol
Doi Boy est la première œuvre de fiction du documentariste thaïlandais Nontawat Numbenchapol dont j’ignorais jusqu’à l’existence avant de voir son long-métrage suggéré par Netflix. Attiré par la promesse de la thématique LGBTQ+ et par l’originalité d’un cinéma dont j’avais à peine connaissance, j’ai lancé la lecture sans savoir à quoi m’attendre. J’ai découvert une œuvre étonnante, qui tend vers le thriller sans en avoir le rythme et qui parvient à constamment déjouer les attentes du public, ce qui est toujours rafraîchissant. On commence avec ce qui pourrait ressembler à de la romance entre un prostitué et un homme marié, avant de découvrir que le premier vit avec une femme et que le deuxième est un flic pas net qui semble suivre un intérêt moins avouable dans cette relation. La suite est encore plus étonnante, jusqu’au final que je ne révélerai pas, si ce n’est pour souligner son côté abrupt qui laisse ouvert de nombreuses hypothèses et ne répond pas à la majorité des questions en suspens.
Au fond, on ressent bien la patte du documentaire sur ce premier film. Doi Boy semble suivre des personnages dans leur quotidien pendant un moment, avant de les quitter tout aussi brutalement. Il n’y a pas réellement de contexte autour de ces histoires individuelles, même si on comprend qu’il est question en fond de traite d’humains, on voit aussi les difficultés pour des migrants illégaux à vivre en Thaïlande, ou encore la corruption à tous les niveaux. Tous ces sujets de société sont abordés sans être au centre de l’intrigue, qui se concentre sur les personnages principaux et leurs actions, sans chercher à les justifier. On ne sait pas pourquoi ce policier emmène les deux hommes de l’autre côté de la frontière, cela semble stupide sur le papier, ça l’est en réalité et le film n’essaie même pas de s’y confronter. La caméra de Nontawat Numbenchapol semble par moment posée à côté, magnifiant les décors naturels et urbains avec un talent incroyable d’ailleurs, sans interrompre les personnages dans leur quotidien. Doi Boy est à cet égard une œuvre assez étrange, qui demande de se laisser porter par une histoire sans nécessairement tout comprendre ou expliquer. J’ai trouvé cela assez agréable.