Doctor Strange in the Multiverse of Madness, Sam Raimi
Le multivers est la tendance du moment chez Marvel, si vous étiez encore passé à côté jusque-là, Doctor Strange in the Multiverse of Madness tient à le rappeler dès son titre. Mais le vingt-huitième long-métrage de l’immense saga est loin d’être le premier à présenter le concept et si vous êtes passé à côté de Loki qui l’introduisait, mais aussi du précédent volet dans l’Univers cinématographique Marvel, Spider-Man: No Way Home, qui le reprenait, vous serez un petit peu perdu. Et si cela ne suffisait pas, mieux vaut aussi avoir bien en tête la série WandaVision et pendant que vous y serez, le premier Doctor Strange posait quelques bases utiles pour comprendre ce qui se passe ici. En bref, Disney poursuit sans freiner cette idée folle d’une immense saga et Sam Raimi n’essaie même pas de réintroduire tous les concepts, si bien que la folie évoquée dans le titre n’est pas éloignée de ce qu’un spectateur peu au fait pourrait ressentir.
En ayant bien en tête tout ce qui précède, le blockbuster Marvel perd de son côté obscur et un poil fou et devient plus clair. Le Doctor Strange rencontre une jeune adolescente dotée du pouvoir de passer d’un univers à l’autre, un pouvoir qu’elle maîtrise mal, mais qui attire les envies de Wanda, devenue sorcière rouge à la fin de WandaVision et qui est en quête de ses enfants depuis. Il va l’aider à travers les univers et affronter Wanda, ancienne alliée des Avengers devenue ici la grande méchante. C’est une bonne idée d’exploiter ce personnage comme opposante, même si je ne peux pas m’empêcher de voir la grille de lecture si conservatrice de Disney dans ses motivations. Wanda se bat pour… retrouver ses enfants, comme si son statut de mère était le seul qui comptait et qu’elle ne pourrait pas vivre sans progéniture à ses côtés. On a vu idée plus moderne, mais passons. Doctor Strange in the Multiverse of Madness exploite correctement le concept des univers parallèles avec les mêmes personnes et des variantes, ce qui permet d’envisager quelques combinaisons amusantes. Sans aller aussi loin que dans l’intrigante série d’animation What If?, le scénario mis en images par Sam Raimi explore malgré tout une idée originale, avec une fusion des 4 Fantastiques, des X-Men et des Avengers dans une autre réalité. Des super-super-héros… qui sont laminés en quelques secondes par Wanda, drôle de concept. Cette séquence est d’ailleurs assez représentative de l’ensemble du film, qui alterne entre d’excellentes idées nouvelles et la grosse machine hollywoodienne qui avance sans trop savoir pourquoi.
Au rang des bonnes idées, le combat avec des notes de musique est génial, une sorte de Fantasia revisité à la sauce Marvel. J’ai aussi beaucoup apprécié la touche d’horreur sur la fin, avec un Doctor Strange qui se bat grâce à un cadavre zombifié, c’était l’une des propositions de la série What If? et elle trouve une belle place ici. Grâce à ces bons moments, Sam Raimi parvient à tenir la distance et à divertir pendant deux heures sans nous ennuyer. Malgré tout, on reste sur un film Marvel tout ce qu’il y a de plus classique, peut-être un peu trop. C’est divertissant, sans plus, et je me demande si le format série n’aurait pas été meilleur, pour donner plus de temps aux personnages et davantage exploré le multivers, qui n’est finalement pas beaucoup exploité ici. Et au passage, peut-être trouver une meilleure motivation derrière les horreurs commises par Wanda…