Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte

Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte

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Une œuvre peut-être adaptée trop de fois au cinéma ? Cette question n’a en tout cas pas découragé Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte qui, après avoir consacré deux films à partir des Trois Mousquetaires, s’attaquent à un autre monument d’Alexandre Dumas que l’on a déjà croisé des dizaines de fois sur petits et grands écrans1. Le Comte de Monte-Cristo condense l’épais roman en à peine trois heures, ce qui implique forcément quelques ajustements. Beaucoup, en réalité, car les deux cinéastes n’ont pas hésité à prendre de larges libertés avec le matériau d’origine, ce qui ne me gêne pas vraiment. Les grandes lignes sont toujours là et l’esprit du récit d’origine est conservé, même s’il manque des scènes et personnages. Quelques ajouts, comme le rôle d’Angèle d’ailleurs massacré par une actrice qui joue de manière si caricaturalement française, semblent en effet inutiles, sans pour autant enlever à la réussite de l’ensemble. J’en étais le premier surpris, mais oui, j’ai passé un bon moment face à ce blockbuster à la française. Certes, les réalisateurs ont parfois la moins lourde sur les effets de style et une action qui cherche à en mettre plein la vue quitte à en faire trop. Certes, la musique est souvent exagérée, ce qui est tout de même la principale caractéristique de tout blockbuster.

Tout n’est pas parfait sans doute, mais Le Comte de Monte-Cristo est une grosse production, cela se voit et le film est très bien fait. Les effets numériques restent discrets (quoi que visibles et je n’ai pas compris pourquoi le superbe Château de Ferrières avait besoin d’un tel maquillage ridicule, au passage), les acteurs savent en général jouer de manière naturelle, l’histoire avance à bon rythme et je n’ai pas vu le temps passer. J’ai été frappé par la modernité de l’ensemble et même si c’est certainement en partie lié aux ajustements apportés par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, le texte original n’a pas perdu de sa superbe. Cette histoire de vengeance est assez universelle et Alexandre Dumas a trouvé le bon équilibre entre un fond de romance, de l’aventure et une part de mystique, qui est d’ailleurs bien rendue dans cette version. L’orientalisme, très à la mode au cœur du XIXe siècle, est bien représenté ici, ce qui est assez rare. Ajoutez à cela la performance de Pierre Niney dans le rôle principal, l’acteur est impressionnant et pleinement investi dans le personnage. C’est ainsi une belle réussite dans l’ensemble et même s’il y a quelques défauts, ils ne m’ont pas gâché le plaisir.


  1. Et que l’on croisera encore bien souvent, même prochainement d’ailleurs : une version au féminin (avec Audrey Fleurot dans le rôle titre) est prévue par TF1, c’est original. Outre-Manche, la star de Bridgerton Regé-Jean Page veut créer sa propre adaptation avec lui-même bien entendu pour le rôle principal, c’est intrigant. L’histoire Alexandre Dumas continue manifestement de faire rêver. ↩︎