Compétition officielle, Gastón Duprat et Mariano Cohn
Compétition officielle est un film sur le tournage d’un film. Un classique, décliné ici par les deux réalisateurs argentins sur le mode de la comédie noire. En confrontant deux acteurs opposés en tout, si ce n’est pour leur égo tout aussi démesuré, Gastón Duprat et Mariano Cohn imaginent une critique assez acerbe des acteurs imbus d’eux-mêmes et un long-métrage amusant. Son succès doit tout au trio d’acteurs réunis pour interpréter la réalisatrice et les deux acteurs de ce faux film, avec un casting sans faute. Penélope Cruz est géniale dans le rôle de la cinéaste timbrée, tandis qu’Antonio Banderas comme Oscar Martínez s’en donnent à cœur joie pour interpréter des caricatures d’acteurs faussement humbles. La confrontation mise tout sur des oppositions frontaliers et des clichés, mais les scénario ne reste pas dans la caricature facile et parvient à créer des personnages crédibles.
Lors d’une conférence de presse donnée après la sortie du film, la réalisatrice répond sèchement à la question d’une journaliste qui veut en savoir plus sur le message de son film. C’est trop réducteur, explique-t-elle, c’est une œuvre d’art qui n’a pas besoin d’un message et qu’il ne faut pas chercher à expliquer à tout prix. Faut-il en déduire la même chose pour Compétition internationale lui-même ? Sans être une œuvre politique, le scénario ne manque pas d’offrir une vision assez acerbe du cinéma, à commencer par ce film qui ne naît que parce qu’un millionnaire qui a fait sa fortune dans les médicaments veut laisser une trace. Il lance deux projets, pour créer un pont à son nom et ce projet de long-métrage, peu importe le sujet, tant qu’il s’offre le meilleur réalisateur et les meilleurs acteurs. Les deux acteurs sont évidemment ridicules avec leur compétition permanente et leurs chipotages, l’un pour n’avoir que de la nourriture bio et produite en Espagne, l’autre pour ne voler qu’en classe économique par fausse humilité. Et que dire de la réalisatrice et ses idées extrêmes qui sont poussées à leur paroxysme lors d’une séance de destruction de prix.
Tout le monde en prend pour son grade, même si Gastón Duprat et Mariano Cohn ont sans doute avant tout cherché le comique de situation et non un message politique. Quoi qu’il en soit, Compétition officielle m’a bien amusé et j’ai trouvé la mise en abîme sur la fin bien trouvée. Un vrai plaisir.