Le Chardonneret, John Crowley
Le Chardonneret est une adaptation apparemment ratée du roman du même nom, si j’en crois les critiques qui comparent les deux. N’ayant pas lu l’œuvre originale de Donna Tartt, je serais bien en peine d’en juger, mais je n’ai pas trouvé cette version cinématographique si mauvaise. Peut-être que John Crowley avait un petit peu trop de matériau sous la main, si bien que les quasiment deux heures et demie que dure le film sont trop courtes pour tout contenir. Il y a, c’est vrai, un sentiment par endroit de survoler des scènes sans y attacher suffisamment d’importance, tandis que le défilé d’acteurs connus dans les seconds rôles peut donner dans la surenchère. Peut-être en effet que ce long-métrage aurait bénéficié d’un traitement plus long, comme celui d’une série. Néanmoins, l’ensemble m’a paru intéressant, pas tant l’intrigue autour du tableau à proprement parler et bien plus la question du traumatisme et de toutes ses conséquences psychologiques.
Au fond, Le Chardonneret est avant tout une œuvre sur le stress post-traumatique et sur Theo qui doit survivre comme il peut après avoir perdu sa mère dans l’explosion d’un musée new-yorkais. Le film, comme le livre j’imagine, suit deux temporalités en parallèle : l’adolescence du garçon juste après l’explosion d’une part, ses débuts en tant que jeune adulte d’autre part. John Crowley entremêle les deux époques avec une mise en scène qui évite bon nombre de travers courants pour représenter des flashbacks. Il ne s’agit de toute manière pas réellement d’expliquer ses actions présentes en fonction de celles du passé, le scénario avance sans jugement et parfois même sans explication. Ce que j’ai trouvé agréable, on évite ainsi la lourdeur habituelle, même si le roman original était manifestement bien plus complexe. Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé cette adaptation sympathique, sans former un grand film en effet, mais avec un regard juste sur le traumatisme et sur l’incompréhension générale. À cet égard, la scène d’interrogatoire par la police dans la foulée de l’explosion est horrible et bien menée. Il faut d’ailleurs d’ailleurs noter que l’acteur qui joue le jeune Theo, Oakes Fegley, est assez épatant dans ce rôle difficile.