Bullet Train, David Leitch
Êtes-vous capable de laisser votre cerveau de côté pendant deux heures ? Selon la réponse à cette question, votre perception de Bullet Train passera du tout au tout. La dernière réalisation de David Leitch nécessite en effet d’abandonner tout esprit critique pendant toute sa durée, mais en même temps, pouvait-on espérer autre chose du réalisateur de Deadpool 2 et de quelques autres films que j’imagine tout aussi fins et légers.
C’est idiot, admettons-le, mais est-ce fun ? Pas tellement au début et je dois confesser que l’envie d’arrêter assez rapidement nous a traversé l’esprit. La mise en scène outrancière qui évoque volontiers un Tarantino ou Rodriguez est assez fatigante pour raconter une histoire somme toute banale et Brad Pitt ne parvient pas initialement à compenser. Néanmoins, une fois que le fameux train est effectivement lancé, Bullet Train trouve peu à peu son rythme et l’augmente régulièrement jusqu’à un final explosif bourré de n’importe quoi toujours plus énorme. Quand les corps s’amoncellent dans les wagons sans inquiéter personne, c’était déjà assez ridicule. Quand ils font exploser une porte sur un train qui semble aller à 500 km/h sans aucune conséquence, c’est encore plus difficile à croire. Mais ce n’est rien en comparaison de ce qui attend le spectateur : plus tard, quelqu’un saute sur le train en marche, parvient à s’agripper et même à entrer par une vitre en frappant dessus avec ses mains. Et plus loin encore, le Shinkansen finit sa course en vol plané dans Kyoto, sans tuer tout le monde au passage, parce que, pourquoi pas.
Il n’y a rien qui va et c’est l’idée. David Leitch enchaîne les séquences toujours plus absurdes et chaque nouvelle scène est une excuse pour augmenter encore d’un cran le niveau de ridicule. C’est idiot, mais ça peut finir par marcher : j’ai trouvé l’ensemble finalement assez amusant, même si la violence était un peu gratuite par moments. C’est bourré de clichés entre les yakuzas et la mafia russe et c’est globalement stupide, avec des invraisemblances permanences et au contraire des rebondissements évidents des centaines de kilomètres en amont. Malgré tout ça, ou peut-être grâce à tout cela, Bullet Train peut être fun, à condition d’accepter de ne plus trop réfléchir pendant deux heures.