The Batman, Matt Reeves

The Batman, Matt Reeves

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Quand Marvel multiplie les superhéros et même désormais les déclinaisons de superhéros grâce au multiverse, DC semble toujours bloqué avec les mêmes personnages. Vous trouviez qu’il n’y avait pas suffisamment d’adaptations de Batman au cinéma ? En voici une de plus ! Cette fois, c’est Matt Reeves qui s’y colle, avec Robert Pattinson derrière le fameux masque et une galerie de personnages déjà croisés et re-croisés, de Catwoman au Pingouin, en passant par le Riddler en guise d’ennemi. On nous aura épargné le Joker1, c’est toujours ça de pris, mais je dois bien dire qu’à l’annonce de cette affiche, ma première réaction a été : à quoi bon ? Après quasiment trois heures devant The Batman, je peux répondre : à rien. La plus grande réussite du projet est visuelle, avec un Gotham sombre comme on l’a encore jamais vu et une photographie magnifique. Mais ce bel écrin est au service d’une histoire d’un autre temps, sans aucun intérêt.

The Batman opte pour un traitement de l’univers à mi-chemin entre celui de Tim Burton et celui de Christopher Nolan. Du premier, Matt Reeves a gardé les décors gothiques outranciers et les personnages hauts en couleur. Du second, cette nouvelle adaptation reprend le réalisme de la cruelle réalité, entre manigances politiciennes et mensonges à outrance. Ajoutez à cela une bonne pincée de Zack Snyder pour la pluie abondante et l’esthétique des combats. C’est une combinaison intrigante sur le papier, mais le résultat à l’écran donne surtout un fort sentiment de redite. Dès les premières minutes, le spectateur a l’impression d’assister à une tentative un peu vaine de relancer une franchise déjà usée jusqu’à la corde, sur un ton plus noir encore, mais sans avoir rien de nouveau à dire. Contrairement à l’excellent Joker qui apportait un angle nouveau en faisant du traditionnel ennemi de Batman le personnage principal, il faut se contenter ici des mêmes histoires et des mêmes personnages, sans grande originalité. Catwoman est aussi maltraitée que par le passé, avec un personnage qui ne sert manifestement qu’à plaire au public hétérosexuel dans son rôle de soutien à Batman, alors même que Zoe Kravitz aurait pu lui offrir bien plus, pourquoi pas en l’impliquant dans une relation romantique avec son amie. Colin Farrell est méconnaissable dans le rôle du pingouin, la belle affaire : il n’apporte rien à ce rôle caricatural. Pas plus que John Turturro qui manque cruellement de subtilité dans son costume de mafieux, et ce n’est ni Jeffrey Wright dans le rôle du lieutenant Gordon, ni Paul Dano qui en fait des caisses dans celui du méchant, qui viennent sauver les meubles. Dois-je préciser que Robert Pattinson n’est pas génial dans le rôle titre ? L’acteur a su proposer des interprétations dignes d’intérêt chez d’autres cinéastes, mais il n’a rien à apporter ici et son personnage est de toute façon assez peu intéressant en règle générale.

Le plus grand mystère de The Batman est peut-être à chercher du côté de sa bande-originale. Le choix de Michael Giacchino est tout ce qu’il y a de plus banal, mais je me demande pourquoi est-ce qu’il a composé un thème principal aussi proche de la Marche impériale de John Williams ? Ce n’est pas une copie parfaite évidemment — imaginez le procès sinon… —, mais l’allusion est évidente, à telle point que l’on s’attend à voir débarquer Darth Vador, au lieu du justicier masqué. Ce choix forcément délibéré colle assez bien avec l’ambiance rétro choisie par Matt Reeves, au point de revenir à des véhicules thermiques bien audibles pour le personnage principal. Sur ce fond passéiste, le réalisateur tente de coller un petit peu maladroitement des thèmes contemporains, à base de désinformation et de complotisme. Le sujet méritait mieux que cette énième version d’un personnage usé jusqu’à la corde…


  1. Que les fans se rassurent, un petit clin d’œil à la toute fin laisse clairement entendre que son retour est envisagé. Soupir. ↩︎

Informations

Année : 2022

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Crime
  • Mystère
  • Thriller

Durée : 2h55