Avatar, James Cameron
Puisqu’il s’est écoulé treize ans entre la sortie initiale d’Avatar et sa première suite et puisque je ne l’avais pas revu depuis des années, ce qui va peut-être devenir la grande saga de James Cameron méritait bien d’être reprise depuis le début. De ma vision sur grand écran, je gardais en mémoire un univers visuellement époustouflant et une histoire fort banale. Revoir Avatar en 2023, c’est d’abord réaliser que le film a pris un gros coup de vieux sur le plan technique. Ce qui ressemblait alors à un univers entièrement créé à l’ordinateur particulièrement convaincant n’est plus aujourd’hui qu’un jeu vidéo ou un Pixar d’il y a quelques années. J’ai été frappé sur la version 4K que l’on a désormais à disposition à quel point Pandora est statique. Les feuilles sont immobiles sur les arbres, sauf si l’action le demande explicitement. Les nuages sont statiques et l’eau évolue de manière simpliste. Pire, les personnages principaux ressemblent à des marionettes en plastique, avec des expressions faciales correctes, mais un réalisme défaillant notamment sur la peau.
Je n’ai pas encore vu Avatar : la voie de l’eau, mais il ne fait aucun doute que James Cameron aura considérablement amélioré la partie technique. Les progrès réalisés en un petit peu plus d’une décennie ont été spectaculaires et j’imagine que l’on découvrira Pandora et ses Na’vi avec un photoréalisme inatteignable pour le premier volet. Cela dit, j’ai aussi trouvé en revoyant Avatar que l’histoire était moins simpliste que dans mon souvenir. Ce n’est pas le récit le plus original qui soit non plus, certes. Néanmoins, le réalisateur manie ses mythes fondateurs avec talent et son savoir-faire pour raconter des histoires fonctionne à plein. Même si le long-métrage est fort long, il est aussi dense et l’introduction, en particulier, est remarquable par sa capacité à apporter toutes les informations en peu de plans. La découverte de l’univers de Pandora est tout aussi bien menée et même si l’arc narratif de Jake est connu d’avance, force est de constater que le récit est prenant jusqu’au bout. Sachant qu’une suite existe, j’était aussi agréablement surpris de redécouvrir que les personnages principaux ne s’en sortent pas tous, une idée qui s’est trop souvent perdue depuis. Savoir tuer ses personnages est important pour ajouter de la crédibilité à son intrigue et James Cameron n’a pas failli sur ce point. Quelques détails m’avaient aussi complètement échappé lors de mes premières visions et tout particulièrement l’analogie visuelle évidente entre la chute de l’arbre et le 11 septembre. Une chute causée par le capitalisme à outrance aidé par une armée toute puissante, voilà qui ajoute une profondeur inattendue à l’ensemble.
Après avoir revu Avatar, j’ai encore un petit peu du mal à comprendre comment le film pourrait mener à une saga riche et intéressante sur cinq volets. Le deuxième film apportera sans doute quelques réponses. Il y aurait évidemment des parallèles à faire entre les attaques contre Pandora et le dérèglement climatique que notre propre planète connaît trop bien, mais n’est-ce pas retomber dans le même conflit décrit dans le premier long-métrage ? Me voilà bien curieux.