Asteroid City, Wes Anderson
Le cinéma de Wes Anderson est si particulier qu’on identifie un de ses films dès les premières secondes. J’ai longtemps trouvé cela fort charmant et reconnu les qualités esthétiques de ses productions, je crois néanmoins avoir atteint mes limites. Asteroid City est parfaitement réalisé, avec un mélange de noir et blanc bien contrasté pour la partie méta ou « making-of » de la pièce qui est présentée dans un format allongé type scope aux couleurs pastels. La mise en scène soignée laisse découvrir de multiples petits détails amusants, même pas forcément exploités par le scénario, si bien que le spectateur attentif peut découvrir les clins d’œil par dizaines. Le casting est rempli d’une longue liste de stars, qui défilent pour certaines le temps d’une demi scène, avec de nombreux visages familiers chez le cinéaste1 et sans surprise, des interprétations sans reproche. Pour autant, j’ai trouvé l’ensemble bien vide. Si j’adore l’absurde et si celui de Wes Anderson reste toujours aussi plaisant, il lui manque à mon sens un but, une idée générale à défaut d’un message. Rien de tel ici : Asteroid City n’a rien de passionnant à raconter et le projet ressemble fort à un pastiche gratuit et sans grand intérêt de la carrière du réalisateur américain.
Je ne sais pas si j’y suis désormais plus sensible ou si c’est cette vacuité qui me l’a révélé d’autant plus. Le cinéma de Wes Anderson est aussi très blanc et passéiste, ce qui est flagrant ici, dans ce qui ressemble à un hommage aux années 1950, même si c’est tout de même plus subtil. Je me suis souvent demandé pendant la bonne heure et demi que dure le long-métrage quel était l’intérêt du projet. Sans aller jusqu’à dire que je me suis ennuyé au point d’envisager d’arrêter Asteroid City avant la fin, le talent des acteurs suffisant à faire tenir, je ne peux pas dire que j’ai été emballé par le fond. Et même si la forme peut être magnifique, bien que déjà vue dans ses précédents films, elle ne suffit pas à compenser cette vacuité. Bref, j’adore l’absurde et peut-être que j’aurais adoré cette version il y a encore quelques années, mais j’ai manifestement évolué, contrairement à Wes Anderson.
Et encore, Bill Murray a raté le rendez-vous à cause d’un problème de santé. Il a été remplacé par Steve Carrell, un choix étonnant sur le papier, même s’il fonctionne bien à l’écran. ↩︎