Alien : Romulus, Fede Álvarez

Alien : Romulus, Fede Álvarez

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Je concluais ma critique du très moyen Alien: Convenant en écrivant : « Ridley Scott a créé une saga par accident et Alien, le huitième passager ne devait probablement jamais avoir de suite, encore moins cinq suites. », alors la perspective d’en voir une sixième ne m’enchantait pas particulièrement. À tort, car Alien : Romulus est une excellente surprise, que je n’avais absolument pas vue venir. Il faut dire que Ridley Scott a enfin lâché l’affaire, ou plus exactement, le réalisateur a été gentiment, mais fermement remercié pour son travail sur la saga suite aux échecs de Prometheus et Covenant. Fede Álvarez a pris la relève et si je ne connaissais pas ce cinéaste uruguayen jusque-là, c’est un nom que je compte retenir. Au lieu de se lancer sur une explication inutile sur l’origine de la mythique bestiole, au lieu de poursuivre le travail de James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet en continuant de torturer la pauvre Sigourney Weaver à travers les siècles, le scénario choisit de revenir aux sources en se positionnant juste après Alien, le huitième passager. Dix ans se sont écoulés et mis à part l’entreprise Weyland-Yutani, personne ne connaît l’existence de l’Alien. Ce qui explique comment une bande de jeunes sur une colonie minière perdue au milieu de nulle part, où la même entreprise exploite ses mineurs comme des esclaves en les privant de toute liberté et surtout de soleil, peuvent avoir l’idée saugrenue de voler du matériel à bord d’une station scientifique à la dérive. Ils ignorent que ses occupants avaient comme mission de récupérer un élément du Nostromo et ils ignorent d’autant plus que les créatures se sont, comme toujours, libérées, multipliées et qu’elles ont tué tout ce qui bougeait. Bref, le piège classique, pour un film d’horreur assez classique et particulièrement bien ficelé.

Fede Álvarez n’essaie pas de réinventer les codes du genre, on est ici dans le sous-genre de l’horreur où une bande de jeunes va disparaître progressivement et de manière horrible. Comme dans tous les films de la saga, la première victime est attaquée par la fameuse larve qui vient se plaquer contre son visage et qui dépose la créature qui devient vite un xénomorphe. Les habitués ne seront pas dépaysés, sans pour autant avoir l’impression de revoir le même film. Alien : Romulus parvient à innover tout en restant sur la base si célèbre, ce que j’ai trouvé assez brillant et surtout, parfaitement mené. Il y a bien de bonnes idées que l’on n’avait pas vu dans les autres films, conséquence de la base de connaissance cumulée par les androïdes et qui permet aux humains de s’en sortir. La scène où ils font monter la température de la pièce pour l’aligner sur celle du corps humain est à la fois maligne pour renouveler le genre et un sommet de tension, par exemple. Tout en maintenant cette familiarité renouvelée par petites touches, Fede Álvarez parvient aussi à parler au plus grand nombre, avec un film qui pourra aussi plaire à ceux qui n’ont jamais vu un seul Alien avant. C’est peut-être sur ce point que le long-métrage s’approche le plus de son illustre prédécesseur. On n’a pas besoin de savoir d’où viennent ces créatures, ni même de comprendre comment elles fonctionnent, pour profiter d’un film d’horreur tendu d’un bout à l’autre.

Si Alien : Romulus fonctionne aussi bien, c’est aussi parce qu’il peut compter sur des personnages bien écrits et un sous-texte politique qui est nouveau et bienvenu dans la saga. J’ai beaucoup aimé la vision d’enfer décrite dans la première partie et cet univers de science-fiction est, malheureusement, bien plus crédible que la majorité de ce que l’on voit sur nos écrans. La crasse de ces mines, le côté délabré du vaisseau, le silence dans l’espace… tout est crédible et très soigné, c’est du beau travail, magnifié par une photographie qui s’inspire évidemment du travail de Ridley Scott, avec un côté rétro très plaisant. Non vraiment, je n’aurais pas pensé que ce soit possible, mais ‌Alien : Romulus parvient à relancer la saga sur une excellente base. Le succès aidant, le groupe Disney à qui appartient désormais l’univers a décidé de lui offrir une suite et puisque Fede Álvarez sera de nouveau aux manettes, je suis même prudemment optimiste.

Informations

Titre original : Alien: Romulus

Année : 2024

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Horreur
  • Science-Fiction

Durée : 1h59